Pandémie et aide financière: des commerçants tiennent le coup
COVID-19. Trois commerçants ayant reçu des prêts des gouvernements provincial et fédéral témoignent. Leurs sentiments sont partagés entre optimisme et inquiétude après de longs mois de confinement, de mesures sanitaires et de fermeture.
Une bouée de sauvetage à la Piazzetta
Les prêts totalisant 60 000 $ ont été reçus comme une bouée de sauvetage par les copropriétaires du restaurant La Piazzetta à Magog, même si les deux tiers sont remboursables. Lloyd Langlois et Michèle Sévigny apprécient ce support qui atténue leurs pertes estimées à plus de 35% depuis le début de la pandémie. Et ce pourcentage augmente en intégrant le second confinement.
M. Langlois rappelle que les commerçants qui, tout comme lui ont pignon sur la rue Principale, avaient également connu une année de misère pendant les travaux de revitalisation de 2019. «On serait encore plus endetté sans ces sommes, indique-t-il. On aurait dû réinjecter notre argent personnel ou emprunter de nouveau à la banque.»
Après huit années à tête du restaurant, ce couple voyait approcher la fin de quelques paiements, tout en songeant à des rénovations. La COVID a tout freiné, mais il n’a jamais pensé à fermer les portes du commerce.
Les copropriétaires ont également sollicité la MRC pour le tout nouveau programme d’aide (voir autre article). Ils recevront 10 000 $ par mois pour payer leurs frais fixes. Un prêt non remboursable à 80%.
«J’encourage les commerces de proximité à postuler, car cette aide nous permettra de respirer et d’éviter le découragement, témoigne M. Langlois. Nous avons très hâte de rouvrir.»
L’optimisme règne à l’Auberge Sunshine de Stanstead
L’Auberge Le Sunshine de Stanstead a reçu 50 000 $ de Québec et d’Ottawa. Les copropriétaires Jean Des Rosiers et Karine Cantin n’ont jamais complètement fermé leurs quatre chambres, leur café bistro ni leur pâtisserie-boulangerie de la rue Dufferin depuis le début de la pandémie.
«La COVID et la fermeture de la frontière nous ont beaucoup affectés, surtout que 40% de notre clientèle provenait des États-Unis, observe M. Des Rosiers. Ces prêts en partie non remboursables, jumelés à une clientèle locale plus présente, nous ont permis de respirer. Ils sont arrivés au bon moment, soit pendant une période où on se réorganisait pour préparer notre relance.»
Les copropriétaires demeurent optimistes malgré des pertes chiffrées entre 25% et 35% au terme de l’année 2020. «Le bilan aurait été plus pénible sans les aides financières, insistent-ils. Ces sommes nous ont donnés du souffle et ont permis de nous sentir moins seuls.»
Un avenir incertain à l’Auberge La Chocolatière de North Hatley
Les copropriétaires de l’Auberge La Chocolatière de North Hatley, Guy Roy et Isabelle Lussier, gardent le fort malgré une table à manger fermée et 14 chambres vides. Le volet hébergement demeure ouvert, mais la clientèle en majorité étrangère n’est évidemment pas au rendez-vous depuis plusieurs mois.
«L’aide financière est la bienvenue, mais c’est un minimum, voire des miettes pour payer mes taxes, mes frais fixes et nourrir mes sept enfants, s’inquiète M. Roy. Nos 30 000 $ remboursables octroyés par Québec et Ottawa sont déjà engloutis dans nos dépenses. Le prochain prêt de la MRC solidifiera tout de même notre futur.»
Le couple garde le moral même si les aides financières ne compensent que 10% de leurs pertes. Le chiffre d’affaires de l’établissement a chuté de 50% à 60% depuis mars dernier. La pandémie et un pont fermé ont fait mal à l’entreprise.
M. Roy devra rebâtir une nouvelle équipe et se montrer patient en attendant de nouveaux clients, dès un semblant retour à la normale. Il invite donc les Estriens et les Québécois à se faire nombreux dès que les portes de l’industrie touristique se rouvriront.