L’optimisme règne toujours pour relier Montréal et Boston en train
TRANSPORTS. L’optimisme de l’aspirant opérateur du train touristique reliant Montréal, Sherbrooke et Boston, Nikolaï Ray, a monté d’un cran après la présentation de ce projet à Coaticook, jeudi dernier (1er septembre).
M. Ray est un homme d’affaires magogois qui possède un parc immobilier à Sherbrooke. Il pilote un groupe de partenaires qui est en processus d’achat du train touristique Orford Express. La transaction n’est pas encore finale, car quelques conditions restent à remplir.
En entrevue, il réitère son intérêt à opérer un train touristique de passagers reliant Montréal à Boston, via Magog, Sherbrooke, Coaticook et Old Orchard Beach. «Ça augure bien, car nous détenons déjà les droits exclusifs d’utilisation des rails du Canadien Pacifique au nord de la frontière, détaille-t-il. Il reste des négociations à faire du côté américain, mais l’intérêt semble bel et bien réciproque.»
Des élus et des gens d’affaires américains assistaient d’ailleurs à la séance d’information du 1er septembre. Ils figuraient parmi l’assistance totalisant une cinquantaine de personnes. Ces présences ont réjoui François Rebello, le porte-parole de la Fondation Trains de nuit, l’organisme promoteur de l’idée. «On se mobilise, car les entreprises américaines concernées sont prêtes à recevoir notre proposition, ajoute-t-il. Les négociations pourraient durer un an, mais on pense mettre en marche le train dans deux ans.»
M. Ray hésite avant de préciser une échéance. Il préfère parler de grandes chances de réussite et d’optimisme pour sortir le train de la gare. Son objectif consiste à faire circuler un train touristique à faible vitesse entre Sherbrooke et Boston, probablement d’ici cinq ans. Une vitesse plus élevée est cependant primordiale entre Sherbrooke et Montréal pour une question de rentabilité et d’efficacité.
Le parcours entre Montréal et Boston se ferait de nuit en 14 heures, incluant une durée de trois heures entre Montréal et Sherbrooke. M. Rebello croit réalisable de mettre d’abord en place un parcours de 14 heures, mais qu’il sera nécessaire d’améliorer l’état des rails entre Sherbrooke et Montréal pour compléter éventuellement ce trajet entre 60 et 90 minutes.
Cet investissement représente un écueil à la réalisation du projet, surtout que la facture totale risque d’atteindre les 115 M$. Cette somme serait assumée par le privé et les gouvernements.
Cependant, MM. Rebello et Ray spécifient que le Canadien Pacifique modernise déjà son chemin de fer depuis quelques années, ce qui augure bien à leurs yeux. Ces deux promoteurs sont convaincus que le train représente un mode de transport de l’avenir, alliant économie et environnement.
Quant aux wagons de l’Orford Express, qui dorment actuellement à la pointe Merry de Magog, ils pourraient reprendre la route en fonction du type de trajet. On pourrait donc le revoir sur les rails, mais il est fort possible que M. Ray procède à d’autres acquisitions dans le futur.
À court terme, l’Orford Express pourrait bien reprendre vie d’ici deux ans pour des trajets entre Sherbrooke et Saint-Jean. Cette première étape paverait la voie à un trajet plus rapide vers Montréal et une option vers Boston.
RÉACTIONS
Le maire de Coaticook, Simon Madore, assistait à la rencontre du 1er septembre. Il supporte toujours cette initiative, même s’il voit peu de retombées économiques pour sa région. «Les passagers n’arrêteront sûrement pas à la gare de Coaticook, car il s’agira d’un train nocturne, prévient-il. On espère néanmoins que ce transport servira à nos citoyens pour aller dans le Maine ou à des visiteurs pour venir nous voir.»
Quant à l’Alliance du corridor ferroviaire Estrie Montérégie (ACFEM), elle accueille favorablement toute initiative visant à mettre de l’avant de nouveaux services de transport ferroviaire de passagers et de marchandises. Les élus des municipalités qui composent ce groupe visent aussi une meilleure sécurité ferroviaire ainsi qu’un mode de transport rapide et conviviale. Ils souhaitent aussi profiter du potentiel ferroviaire pour l’utiliser comme levier économique.