Diagonale des Fous : Isabelle Bernier complète l’épreuve après 45 heures d’effort et de douleur
TRAIL. Isabelle Bernier a eu besoin de toute sa détermination, et possiblement d’une force intérieure insoupçonnée, pour compléter le parcours de la Diagonale des Fous, une prestigieuse course en sentiers (Ultra Trail) de 165 km s’étendant sur le territoire montagneux de l’île de la Réunion, et dont le départ était donné le 20 octobre dernier.
Lorsqu’elle a franchi le fil d’arrivée le 22 octobre en début de soirée, après 45 h 46 d’efforts, la coureuse magogoise n’avait pratiquement rien mangé depuis deux jours.
« Je souffre de colite ulcéreuse et je dois tenir compte de cette maladie durant mes courses. J’ai toujours assez bien réussi à gérer la douleur, mais cette fois ci, ce fut extrême; j’ai été vraiment malade. À part quelques morceaux de pomme, je n’ai rien avalé de la course », raconte-t-elle.
« J’ai cru devoir abandonner à un certain moment, mais comme je me trouvais dans un secteur difficile d’accès, ç’aurait été très long avant qu’on puisse me secourir. Au lieu d’attendre 24 heures pour un transport en hélicoptère, j’ai décidé de continuer du mieux que je pouvais », ajoute-t-elle.
Malgré ses difficultés, Isabelle Bernier a terminé en 44e place chez les femmes et en 692e position parmi les 1887 coureurs ayant franchi le fil d’arrivée.
La course a été remportée par le Français Benat Marmissolle (23 h 14) et l’Américaine Courtney Dauwalter (24 h 37).
« Comme il s’agissait de la 30e édition, les organisateurs avaient modifié le parcours (10 500 mètres de dénivelé), histoire de nous donner un peu de fil à retordre. Et ce fut mission accomplie. Bon nombre de coureurs ont abandonné l’épreuve », fait-elle remarquer.
Meilleure qu’en 2019
Pour l’athlète de 44 ans, il s’agissait d’une deuxième présence à cette mythique course. En 2019, elle avait terminé en 49 h 04 (57e femme), effectuant la dernière portion du parcours en compagnie de deux autres coureurs.
« J’avais besoin d’y retourner, car je sentais que je pouvais faire mieux et je voulais vivre cette aventure en solo du début à la fin », fait-elle valoir.
Accro aux épreuves d’endurance, Isabelle Bernier concède qu’elle devra faire preuve de prudence en abordant ses prochains défis athlétiques. « J’ai peut-être dépassé mes limites. J’ai dû perdre une vingtaine de livres en deux jours; je ne recommande ça à personne », conseille-t-elle après coup.
« Il y a plusieurs dimensions à une épreuve comme un Ultra Trail. Dans mon cas, il y a l’amour du sport et l’aspect aventure qui supplantent les inconvénients de la douleur. Et c’est aussi une formidable occasion de voyager et de découvrir d’autres cultures », plaide-t-elle.
« Je vais retourner un jour faire la Diagonale des Fous. Mais ce ne sera pas l’an prochain », précise en riant celle qui est la seule femme à avoir réalisé (deux fois) en solo le tour du lac Memphrémagog à la course.