Pictographes et pétroglyphes phéniciens à Abercorn
Il y a plusieurs années, j’ai été invité à aller voir deux pictographes gravés sur un affleurement de pierre de schiste en forêt, près d’un ruisseau. Le site se trouve dans la municipalité d’Abercorn, petit village près de la ville de Sutton dans les Cantons de l’Est, non loin de la frontière du Vermont. Après avoir dégagé la pierre couverte de branches et de feuilles mortes, je reconnais des formes humaines de grande taille gravées et des pétroglyphes (écritures gravées sur la pierre). Je passe tous ces traits à la craie blanche pour les rendre plus visibles, et je prends des photos. Rendu chez moi, je projette ces photos sur une grande feuille de papier pour les tracer. Une des formes montre une femme enceinte (photo) et ce dessin est accompagné de textes bilingues. En effet, dans la partie supérieure, on reconnaît les pétroglyphes de l’alphabet phénicien, tandis que les traits gravés en bas sur une barre verticale sont de l’Ogham celtique. Sans faire une interprétation complète, j’ai transcrit certains mots comme Bal, le Dieu des Celtes et des Phéniciens, hiver et le nom propre Hugue. Le deuxième dessin montre une femme nue (photo), avec un symbole pubien explicite au-dessus de sa tête. La présence des deux alphabets côte à côte s’explique par le fait que les Phéniciens et les Celtes se sont côtoyés en Europe. Les premiers se sont rendus dans les Îles de Cornouailles, dans la Manche, pour exploiter les mines d’étain nécessaire pour la métallurgie du bronze. Ils étaient en pays celtique. Cette association des deux cultures suggère que ça se passait à l’âge de Bronze, soit de milliers d’années av. J.-C. Que faisaient ces gens à Abercorn? Une ancienne mine de malachite ou turquoise qui se trouve dans la région aurait pu s’avérer d’un intérêt économique important comme ce fut le cas dans l’Europe antique. Ce minerai est un carbonate contenant du cuivre, responsable de la belle couleur verte de ses cristaux. Comment interpréter des deux tableaux? J’avance que ce site, situé près d’un ruisseau, en fut un de rituel de fertilité. Pour perpétuer la colonie, la fertilité revêt une grande importance. L’endroit est connu depuis longtemps et la tradition orale locale répète que ces pictographes représentent le viol d’une femme blanche par un Amérindien. Ce fut monnaie courante de créer ce genre d’accusation contre les Amérindiens ou les hommes de race noire. La croyance de la «découverte» des Amériques par Christophe Colomb en 1492 se maintient comme un dogme de la foi chrétienne. Et ce, malgré d’innombrables découvertes et d’écrits qui démontrent que nos continents furent connus bien avant 1492. Pour des raisons politiques et religieuses, des deux côtés de l’Atlantique, le statu quo, ou presque, demeure! On a souvent mis en doute mes avancées sur une ancienne présence celtique ici. Les pictographes illustrés dans ce communiqué montrent bien que les Celtes étaient établis ici avec des Phéniciens. Il est important de reconnaître que ceux qui ont gravé ces dessins n’étaient pas des nomades puisqu’ils espéraient une progéniture! Il fallait donc qu’ils se nourrissent à partir de champs défrichés et cultivés, s’habillent et se logent. Ils vivaient avec des Amérindiens, les pionniers de la région. Gérard Leduc Ph. D. Potton