Des livres vivants racontent leur histoire

SANTÉ MENTALE La Table de concertation en santé mentale de la MRC de Memphrémagog a tenu, mercredi dernier (3 mai), un rendez-vous national des livres vivants à la Bibliothèque Memphrémagog. Plusieurs personnes souffrantes ou ayant souffert d’un trouble de santé mentale sont venus partager leur expérience, en jouant le rôle d’un livre.

« Si je peux aider, ne soit qu’une seule personne, je vais être comblé. » C’est avec cette mentalité qu’Alexandre Labonté a accepté d’être un « livre vivant ». Pour lui, partager son expérience et discuter avec les gens est le meilleur moyen de les sensibiliser à ce que vivent ceux aux prises avec un trouble de santé mentale.

C’est également l’avis de la directrice du Centre l’Élan, Martine Chiasson, qui a organisé l’évènement en partenariat avec les membres de la Table de concertation en santé mentale.

« On peut en entendre parler. On peut lire des livres. Mais prendre le temps de s’arrêter et de discuter avec des gens qui ont vécu ou vivent avec un trouble de santé mentale, c’est ça qui ouvre réellement les yeux, explique Mme Chiasson. Je pense que ce genre d’activités, si les gens viennent avec l’esprit ouvert, ça peut avoir des effets concrets. « 

Chapeauté par l’Association québécoise pour la réadaptation psychosociale (AQRP), l’événement a réuni quelques dizaines de citoyens qui sont venus « emprunter » ces livres humains pour une quinzaine de minutes. Martine Chiasson avoue avoir été impressionnée par ce taux de participation.

« On peine à suivre notre horaire! Nos livres sont trop populaires, mentionne-t-elle en souriant. Les gens sont curieux, posent des questions. Je pense qu’il va falloir prévoir plus de temps la prochaine fois. »

UN TABOU À DÉCONSTRUIRE

L’activité avait comme principal objectif de déstigmatiser tout ce qui entoure les troubles de santé mentale. Selon Statistique Canada, un Canadien sur trois sera touché par un problème de santé mentale au cours de sa vie. Pour Mme Chiasson, c’est une raison de plus pour poursuivre la discussion.

« Beaucoup diront qu’on en parle énormément, mais en même temps, les besoins sont énormes. Donc, est-ce qu’on peut en parler trop? Absolument pas », insiste-t-elle.

C’est ce que les livres humains ont tenté de faire pendant leurs tête-à-tête. Ceux-ci désiraient permettre à leurs « lecteurs » de comprendre ce que vivent et ressentent les personnes dans cette situation.

« Je veux enrayer la barrière qui fait qu’on n’en parle pas, souligne Alexandre Labonté. C’est encore très tabou. Si mon témoignage peut aider les gens à voir que ce n’est pas le cas, qu’au contraire, c’est de la force, c’est une preuve de courage, ça va être un grand pas en avant. »

« On peut être une personne qui fonctionne bien en société. On peut être heureux et épanouis malgré une problématique de santé mentale. La vie continue et de belles choses s’offrent à nous. Il ne faut pas avoir honte », ajoute Alexandre Ghibely, un autre livre humain qui est également pair aidant.

FAIRE LE PREMIER PAS

Tous les intervenants présents étaient d’accord sur un point. Avouer qu’on a un problème est souvent l’échelon le plus difficile à gravir. Plusieurs ressources sont offertes, que ce soit un organisme, un proche ou un ami. Selon eux, il suffit de tendre la main et de se permettre d’accéder à ces ressources.

« Faire le premier pas, demander de l’aide, c’est l’étape la plus exigeante, décrit Martine Chiasson. Ce n’est pas facile de dire qu’on a un problème, mais c’est ce qui va permettre aux gens d’aller mieux. »

« Il n’y a aucune raison d’hésiter, renchérit Alexandre Labonté. Les gens demandent juste à nous aider, mais ne peuvent pas le faire si on ne veut pas s’aider soi-même. »

Les organisateurs de l’événement souhaitent répéter l’exercice ultérieurement, en espérant rejoindre le maximum de personnes et ainsi poursuivre ce processus de déstigmatisation.