« La relance économique de Stanstead passera par la culture »

STANSTEAD. Pourquoi un homme né à Jérusalem en 1940, qui a étudié dans les universités étrangères et voyagé aux quatre coins de la planète, décide d’acquérir de vieux bâtiments patrimoniaux à Stanstead et d’investir dans la culture locale? 

Gabriel Safdie est un mécène et un amoureux des arts qui souhaite relancer l’économie de Stanstead. Selon lui, le coeur du secteur Rock Island, qui a été presque mis sous le respirateur artificiel par le passé, renaîtra grâce à sa vision culturelle.

C’est toutefois un peu par hasard qu’il tombe en amour avec les Cantons-de-l’Est. On l’invite dans un chalet du lac Memphrémagog dans les années 1970, puis, c’est le coup de foudre. Il achète une propriété à Odgen, là où il partage toujours aujourd’hui presque la moitié de son temps avec sa résidence montréalaise.

Il découvre rapidement les charmes des trois villages frontaliers, autrefois connus sous le nom de trois entités différentes, soit Beebe, Rock Island et Stanstead. « J’aime les gens, l’architecture de la région, son histoire, sa belle culture, la proximité de la frontière et son potentiel de développement », énumère-t-il.

La restauration de l’ancien Border Theater (1912) est au coeur de sa vision. En compagnie du gouvernement fédéral, qui a octroyé une subvention de 2,1 M$, M. Safdie a récemment annoncé une importante cure de rajeunissement de 4 M$ pour faire revivre un établissement délabré depuis belle lurette. 

Il souhaite exécuter les travaux d’ici deux ans pour une ouverture au printemps 2026. « On ramènera les gens au coeur de la ville en organisant de nombreuses activités culturelles et communautaires », s’engage-t-il.

L’homme de 84 ans n’en est pas à ses premières démarches à Stanstead. Il a effectué ses premières acquisitions d’édifices patrimoniaux en 2008 au coin des rues Dufferin et Notre-Dame. Aujourd’hui, il possède huit bâtiments à deux pas du poste douanier de Stanstead. « On a dû faire tout un ménage, car certains ressemblaient à un bidonville ».

L’organisme Phelps Helps et la Galerie d’art Le Vieux Forgeron logent notamment dans deux des bâtiments. Il est aussi derrière l’aménagement du Cercle de pierres. Il refuse de dévoiler les sommes totales investies pour relancer l’économie culturelle de Stanstead, mais il croit 100% à son rêve, à sa vision.

L’arrivée d’un investisseur à Stanstead a parfois été accueillie avec tiédeur, voire avec scepticisme. Il a perdu des partenaires et de l’argent en raison d’une vision culturelle et économique qu’il considère lui-même un peu folle. Sa patience a été récompensée par l’intermédiaire de la députée Marie-Claude Bibeau. Il prévient cependant la communauté qu’il ne pourra pas cheminer seulement avec sa conjointe Eva Juul. « On doit travailler en équipe, lance-t-il. Développer est difficile, car j’ai rencontré plus d’obstacles que je ne le croyais au départ. »

QUI EST GABRIEL SAFDIE

Il a immigré à Montréal avec ses parents en 1953

Diplômé des Universités McGill (bacc.), de la Colombie-Britannique (maîtrise en littérature), de Londres (doctorat) et de La Sorbonne à Paris (doctorat).

Il a enseigné la littérature et la création littéraire au Collège Dawson

Il s’est consacré quelques années à l’entreprise d’importation et de distribution de textiles de son père

Il a toujours maintenu ses activités d’écriture, de théâtre, de musique et de photographie

Ses voyages d’affaires l’ont conduit en Chine, en Inde et en Égypte, des pays qui sont devenus ses principales sources d’inspiration

Il a exposé ses photographies au Canada et en Chine

Créé parallèlement à ses premières acquisitions en 2008, le Centre des arts de Stanstead chapeaute toutes ses activités culturelles

Au printemps dernier, il annonce un investissement de 4 M$ pour restaurer le « Border Theater », un lieu autrefois très populaire.