Le métier de pompier et voir au-delà des préjugés

MAGOG.  Malgré que leur travail soit de risquer leur vie pour protéger celle de la population, les pompiers sont souvent la cible de critiques gratuites ou de préjugés, notamment à l’égard de leurs conditions de travail ou encore en raison des coûts de leurs services dans un buget municipal.

À Magog, la sécurité incendie occupe une partie importante des finances de la Ville, avec un budget d’environ 6 M$ par année. Un chiffre qui peut frapper l’imaginaire et qui peut aussi expliquer que certains citoyens ont tendance à se montrer plus sévères lorsqu’il est question de leurs sapeurs.

«Les gens n’aiment pas les pompiers tant qu’ils ne sont pas allés chez eux. C’est simplement dit, mais c’est totalement vrai, s’exclame d’entrée de jeu le directeur du Service de sécurité incendie de Magog, Sylvain Arteau. Mais le jour où ils font le 911 et que nous leur venons en aide, leur opinion change complètement. Ils comprennent mieux notre rôle et ils nous apprécient pour les bonnes raisons.»

Comme l’explique le grand patron, la difficulté avec les services incendie est qu’il existe beaucoup d’intangibles entourant leur travail. Par exemple, parmi les 933 activités de prévention réalisées en 2023 par les pompiers en sol magogois, il est impossible de savoir combien d’entre elles ont peut-être permis d’éviter un drame. «C’est le côté très ingrat de notre profession car on n’est pas encore capable de mesurer l’impact de ce qui ne s’est pas produit grâce à nos actions. C’est différent, par exemple, d’un service de police où il y a un retour sur l’investissement qui se calcule plus facilement, notamment par les contraventions. Pour les pompiers, si on pouvait mesurer le nombre d’emplois ou de bâtiments patrimoniaux parce qu’il n’y a pas eu de feu ou parce que nous sommes intervenus rapidement, on serait surpris.»

En ce sens, l’un des exemples qui revient à l’esprit de Sylvain Arteau est l’incendie survenu, il y a quelques années, au nouveau garage municipal. Un balai mécanique avait alors pris feu à l’intérieur du vaste bâtiment, ayant coûté plus de 7 M$. «En raison des normes en vigueur, tout le bâtiment est équipé de gicleurs. Alors, quand on est arrivé, le feu était presque sous contrôle. On a juste eu à finir l’extinction et trois heures après, le garage était fonctionnel. Si on n’avait pas eu tous ces mécanismes de protection et de prévention, on aurait peut-être perdu notre garage, en plus de subir d’importants bris de service. C’est le genre de retombées qui ne sont pas mesurables, mais qui doivent être considérées.»

Même si les pompiers peuvent parfois donner l’impression de se la couler douce à leur caserne, le directeur rappelle que l’an dernier, ils ont répondu à 1400 appels de toute nature, soit une moyenne de trois sorties par jour. À cette charge de travail s’ajoutent plus de 4000 heures de formation réparties au sein de la brigade. «Les pompiers à Magog, ils ne sont pas juste bons. Ils sont très bons dans ce qu’ils font et je peux le dire, car je les vois travailler au quotidien. Sur un feu, ils ne pensent pas juste à l’éteindre. Leur priorité absolue est de sauver des vies, mais après, ils font tout ce qu’ils peuvent pour sauver les biens. Car ils savent qu’à Magog, il n’y a pas seulement des gens fortunés et ils sont sensibles à cette réalité. C’est le genre de choses que l’on ne voit pas de l’extérieur, mais qui me rend extrêmement fier comme directeur», conclut M. Arteau.