Northvolt: une partie du bloc d’énergie pourrait être attribuée à d’autres

QUÉBEC — Même si Northvolt est en difficulté financière, le gouvernement Legault est convaincu que l’usine de batteries de Montérégie verra le jour, mais il ouvre la porte à l’éventualité de redistribuer en partie à d’autres entreprises le bloc d’approvisionnement en énergie qui lui a pourtant été promis.

C’est ce qu’a laissé entendre la ministre de l’Économie et de l’Énergie, Christine Fréchette, mardi soir, au sortir d’un entretien avec le grand patron de l’entreprise suédoise en Amérique du Nord, Paolo Cerruti, alors que les manufacturiers de véhicules électriques et de batteries traversent des turbulences.

Northvolt a dû mettre à pied 1600 travailleurs en Suède, soit le cinquième de sa main-d’œuvre, mais l’usine prévue au Québec sera réalisée selon les plans initiaux et avec un calendrier révisé, selon les indications qu’a reçues la ministre.

Northvolt risque-t-elle la faillite, comme l’a évoqué la députée libérale Marwah Rizqy en citant Bloomberg?

Mme Fréchette en mêlée de presse a commenté en mêlée de presse, à la tribune de la presse, au parlement, en disant qu’«ils ne sont pas du tout dans ce scénario-là. Ils sont dans un exercice de redéfinir le calendrier pour le Québec».

Elle assuré que «leur volonté est aussi ferme d’aller de l’avant avec le projet».

En Suède, il y a eu un «recentrage» des activités, mais au Québec, «ce n’est pas la prémisse» avec laquelle les gestionnaires de Northvolt travaillent, a indiqué la ministre: le plan demeure toujours d’ériger des installations où les activités de cellulier, de cathodes et de recyclage auront lieu comme prévu, a-t-elle poursuivi.

Le gouvernement caquiste est actuellement attaqué de toutes parts par les partis d’opposition, mais aussi par des entreprises, pour avoir accordé un bloc de 354 mégawatts d’électricité à Northvolt, sans date limite, en situation de pénurie d’énergie, alors qu’Hydro-Québec ne peut alimenter des entreprises déjà établies qui réclament de l’approvisionnement électrique supplémentaire pour leur décarbonation et leur expansion.

Mais mardi soir, la ministre a ouvert la porte à la redistribution à d’autres entreprises d’une partie du bloc d’énergie de Northvolt, en attendant que l’usine soit pleinement fonctionnelle.

«On n’en est pas là», a-t-elle toutefois ajouté.

L’entreprise est en train d’effectuer un «séquençage», rééchelonner son calendrier, tandis que les travaux de construction de l’usine continuent d’aller bon train à Saint-Basile-le-Grand et McMasterville.

Le prédécesseur de Mme Fréchette, Pierre Fitzgibbon, avait déjà estimé que le projet, qui doit voir le jour en 2028, avait 12 à 18 mois de retard.

300 millions $

Mardi, les partis d’opposition ne partageaient pas l’optimisme de Mme Fréchette sur l’issue du projet de Northvolt.

Ils déploraient notamment que le gouvernement doive potentiellement verser 300 millions $ supplémentaires dans l’aventure, en plus des 700 millions $ déjà consentis, donc 1 milliard $, pour un projet total évalué à 7 milliards $ – où Ottawa met aussi 1,37 milliard $.

En effet, Québec a déjà accordé 240 millions $ pour l’achat du terrain, en garantie, en plus de 270 millions investis dans le financement de la maison-mère en Suède, et des 200 millions $ de la Caisse de dépôt et placement (CDPQ).

Mais un autre montant de 300 millions $ devrait être versé en débentures, c’est-à-dire un prêt à long terme non garanti, mais sous certaines conditions.

À la période des questions, le député péquiste Pascal Paradis a demandé que les conditions des débentures soient rendues publiques.

M. Legault a évoqué deux des conditions qui font que cette enveloppe n’a pas encore été accordée.

La première, que le financement du projet soit complété, «ce qui n’est évidemment pas le cas», a-t-il commenté; et la deuxième, que l’usine soit en construction. Or, le chantier n’en est pas encore à cette étape.

Québec solidaire (QS) a déposé une motion pour que le gouvernement s’engage à ne pas investir un sou de plus dans le projet, mais le gouvernement a refusé son consentement pour qu’elle soit débattue.

En outre, la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, a rejeté la demande de débat d’urgence sur Northvolt déposée par le Parti québécois (PQ).

Dans sa décision, Mme Roy a argué que la demande ne satisfaisait pas aux critères pour accorder un débat d’urgence.

La suppression de 1600 emplois en Suède ne peut être assimilée à une «crise aiguë et soudaine d’urgence», selon ce qu’elle a expliqué.