« Le gouvernement s’attaque aux mauvaises cibles »

ÉDUCATION. Un enseignant en francisation au Centre d’éducation des adultes des Sommets déplore les récents impacts budgétaires du gouvernement du Québec qui auront des conséquences majeures à Magog, où toutes les classes dédiées à ce programme seront fermées à compter du 1er novembre prochain.

Préférant taire son identité complète, Alexandre a senti le besoin de dénoncer publiquement ce qui se dessine sous ses yeux. Comme c’est le cas un peu partout au Québec, les établissements offrant la francisation ont vu leur budget être réduit considérablement. Certaines écoles ont dû revoir à la baisse le nombre de classes, tandis que d’autres devront simplement mettre fin au programme.

C’est d’ailleurs ce qui attend toutes les classes de francisation chapeautées par le Centre de services scolaire des Sommets (CSSDS), dont celles à Magog. « C’est déplorable ce qui se passe, car le gouvernement coupe dans un programme qui fonctionne très bien et pour lequel il y a beaucoup de demandes. À Magog, nous étions rendus à 4 groupes. Ce sont principalement des immigrants hispanophones qui sont ici pour travailler, mais il y en a aussi qui ont quitté leur pays en raison de la guerre comme des Ukrainiens », partage Alexandre, qui enseigne à ces personnes à temps plein.

L’une des mesures adoptées par le gouvernement provincial est d’avoir mis fin à une allocation financière qui était offerte à tout étudiant qui suivait un cours de francisation à temps partiel. L’argent économisé devait être réinvesti pour bonifier les services de francisation, selon Alexandre.

Mais ce dernier constate pourtant l’inverse sur le terrain et c’est ce qui l’inquiète profondément. « Je comprends que le gouvernement veuille limiter l’immigration. Mais par ces mesures, il attaque les mauvaises cibles. On est en train de punir des gens qui voulaient réellement apprendre le français pour s’intégrer, obtenir leur citoyenneté et ultimement, faire venir leur famille ici. On ne parle pas de gens, sans papier, qui sont entrés ici illégalement. Pour mes élèves, la francisation, c’était sérieux et maintenant, ils sont inquiets pour leur avenir, en plus de se sentir abandonnés. »

Une accessibilité plus limitée et compliquée

Toujours selon l’enseignant, une des alternatives est de suivre un programme piloté par le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI). Toutefois, il n’est pas disponible en présentiel dans la MRC de Memphrémagog. « Les élèves peuvent aller à Sherbrooke, mais plusieurs n’ont même pas de voiture. Il y a aussi des cours offerts en ligne, mais ce n’est pas tout le monde qui est à l’aise avec cette formule, surtout pour une personne qui commence. C’est assez dysfonctionnel au début, car on le sait, le français est une langue très difficile à apprendre. »

Des balises à respecter

Du côté du CSSDS, on confirme que tous les cours en francisation seront suspendus pour une durée déterminée « afin de respecter les balises budgétaires du ministère de l’Éducation ». « Les élèves inscrits actuellement pourront poursuivre leurs cours jusqu’au 1er novembre et nous nous assurerons de faciliter la passation d’examens. Ils seront ensuite redirigés vers le MIFI afin d’explorer les options disponibles pour poursuivre leur apprentissage du français. Cette annonce touche environ 285 élèves et 12 enseignants pour tout notre territoire, dont 70 élèves dans Memphrémagog », soutient la coordonnatrice au service des communications au CSSDS, Mylène Ouellette.

Cette dernière confirme que cette vague de fermetures inclut une classe de francisation à Stanstead, qui est offerte dans les locaux de l’école primaire Jardin-des-Frontières.