Les martinets ramoneurs ralentissent la construction de 32 logements

IMMOBILIER. Préserver des oiseaux en voie de disparition et créer des logements sociaux, tels sont les objectifs de promoteurs immobiliers sur un terrain situé au coin des rues Brassard et Saint-Luc, à Magog.

Depuis environ deux ans, l’entreprise Constructions Morin envisage l’érection d’un immeuble de 32 logements au 416, rue Saint-Luc, depuis environ deux ans. Le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs a toutefois interrompu cette démarche en raison de la présence sur le site de 230 martinets ramoneurs, une espèce en péril.

En collaboration avec la Ville de Magog et le Zoo de Granby, les promoteurs érigeront donc une cheminée-refuge de 35 pieds un peu en retrait dans l’Espace Saint-Luc. On souhaite les attirer dans cette nouvelle maison dès le retour printanier de cet oiseau migrateur. Estimée à 120 000 $, la facture sera partagée presque à parts égales entre la Ville et les promoteurs privés.

La directrice du développement des affaires chez Constructions Morin, Jessie Kendal, affirme qu’il s’agit presque d’un coup de dés. «On se croise les doigts pour que ces oiseaux adoptent leur nouveau domicile, espère-t-elle. Sinon, on ne pourra décontaminer, ni démolir et ni construire de logements à cette adresse dont Magog a grandement besoin.»

Mme Kendal assure néanmoins que l’entreprise a rapidement pris la décision de poursuivre ses démarches. «Plusieurs auraient abandonné le projet, mais c’est important pour nous de créer des logements dans une perspective de développement durable, affirme-t-elle. On veut faire une différence.»

Les travaux de la cheminée sont prévus pour cette semaine. Ce refuge devrait être complété vers la mi-décembre. Suivront de longues étapes d’approbation de la Faune, de décontamination et de démolition d’un vieux bâtiment en brique rouge. La construction pourrait débuter au printemps 2026 si toutes les étapes respectent l’échéancier déjà établi. Le coût estimé de ce chantier s’élève entre neuf et dix millions de dollars.

Selon Mme Kendal, les unités de trois et quatre pièces et demie seront des logements dits abordables, tel que le précise la Ville de Magog dans sa Politique d’habitation. Elle mentionne qu’il est beaucoup trop tôt pour fixer un coût par loyer, en raison de nombreuses variables comme l’évolution du marché, les taux d’intérêt et le prix des matériaux de construction. «Notre volonté est d’offrir des logements pour tous», termine-t-elle.

Constructions Morin est l’un des principaux partenaires de la Maison Marc-Antoine, qui vient d’ouvrir ses portes à Sherbrooke. Cet établissement comprend 14 logements et chambres pour des personnes vivant avec une limitation fonctionnelle ou une déficience intellectuelle.

QU’EST-CE QU’UN MARTINET RAMONEUR?

C’est un oiseau migrateur en péril dont la population canadienne a chuté de près de 88% au cours des 50 dernières années.

Il utilise généralement des cheminées en brique, en pierre ou en béton comme lieu pour y établir son nid et pour se reposer (dortoir).

Avant l’arrivée des Européens en Amérique du Nord, le martinet ramoneur avait l’habitude de nicher et de se reposer dans de grands arbres creux. L’exploitation forestière, le défrichage pour l’agriculture, et l’urbanisation ont fait disparaître ces grands arbres. Il s’est donc adapté à l’utilisation de cheminées en brique, en ciment et en pierre, d’où son nom.

Cet oiseau est protégé par la Loi sur les espèces en péril ainsi que la Loi de 1994 sur la convention concernant les oiseaux migrateurs et leurs règlements.

Selon les règlements, quiconque tue, chasse, capture, blesse ou harcèle un oiseau migrateur ou endommage, détruit, enlève ou dérange son nid, ses œufs ou sa résidence sans permis commet un délit passible de sanction. (Source : Gouvernement du Canada)

En plus de son importance dans la biodiversité et dans le patrimoine naturel canadien, le martinet ramoneur contribue à contrôler la quantité d’insectes dans les milieux urbains et naturels. Un seul individu peut engloutir des milliers d’insectes par jour. (Source : Radio-Canada, août 2023)