Biden est le premier président américain en fonction à visiter la forêt amazonienne
Joe Biden s’est rendu dimanche dans les eaux asséchées du plus grand affluent de l’Amazone. Il est le premier président américain en exercice à mettre les pieds dans la légendaire forêt tropicale, alors que la future administration Trump semble prête à réduire l’engagement des États-Unis dans la lutte contre le changement climatique.
L’immense région amazonienne, dont la superficie équivaut à celle de l’Australie, stocke d’énormes quantités de dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre qui provoque le changement climatique lorsqu’il est libéré dans l’atmosphère. Mais le développement est en train d’épuiser rapidement la plus grande forêt tropicale humide du monde, et les rivières s’assèchent.
Accompagné de Carlos Nobre, scientifique lauréat du prix Nobel et expert des effets du changement climatique sur l’Amazonie, et de John Podesta, conseiller de M. Biden pour les questions climatiques, le président a visité en hélicoptère une partie de la forêt tropicale. Il a survolé des bateaux échoués dans le fleuve rio Negro, des dégâts causés par des incendies et un refuge pour les animaux sauvages. L’hélicoptère a volé au-dessus du vaste point de rencontre entre l’Amazone et le rio Negro, son principal affluent.
L’année dernière, son administration a annoncé son intention de contribuer à hauteur de 500 millions $ au Fonds pour l’Amazonie, la plus importante initiative de coopération internationale visant à préserver la forêt tropicale, principalement financée par la Norvège.
Jusqu’à présent, le gouvernement américain a déclaré avoir versé 50 millions $. La Maison-Blanche a fait dimanche une contribution supplémentaire de 50 millions $ au fonds.
«Il est important qu’un président en exercice se rende en Amazonie. Cela montre un engagement personnel de la part du président», a déclaré Suely Araújo, ancienne directrice de l’agence brésilienne de protection de l’environnement et coordinatrice des politiques publiques pour l’organisation à but non lucratif Climate Observatory. «Cela dit, il ne faut pas s’attendre à des résultats concrets de cette visite», a-t-elle souligné.
Elle doute qu’un «seul cent» aille au Fonds pour l’Amazonie une fois que Donald Trump sera de retour à la Maison-Blanche.
Il est très peu probable que la future administration Trump donne la priorité à l’Amazonie ou à quoi que ce soit lié au changement climatique. Le président élu républicain a déjà déclaré qu’il se retirerait à nouveau de l’accord de Paris.
M. Trump a qualifié le changement climatique de «canular» et a signalé son intention de supprimer les réglementations en matière d’efficacité énergétique adoptées par l’administration Biden.
Néanmoins, Washington a annoncé dimanche une série de nouvelles initiatives afin de renforcer l’Amazonie et d’endiguer l’impact du changement climatique.
Parmi ces actions, on peut citer le lancement d’une coalition financière visant à stimuler au moins 10 milliards $ d’investissements publics et privés pour la restauration des terres et les projets économiques respectueux de l’environnement d’ici 2030, ainsi qu’un prêt de 37,5 millions $ à l’organisation Mombak Gestora de Recursos pour soutenir la plantation à grande échelle d’espèces d’arbres indigènes dans les prairies dégradées du Brésil.
Les États-Unis sont en voie d’atteindre 11 milliards $ de dépenses pour le financement international de la lutte contre le changement climatique en 2024, soit six fois plus qu’au début du mandat de Joe Biden.
La déforestation en baisse
L’Amazonie abrite des communautés indigènes et 10 % de la biodiversité de la planète. Elle régule également l’humidité en Amérique du Sud. Environ deux tiers de l’Amazonie se trouvent au Brésil. Les scientifiques affirment que sa dévastation constitue une menace catastrophique pour la planète.
La forêt subit depuis deux ans une sécheresse historique qui a asséché les cours d’eau, isolé des milliers de communautés riveraines et entravé la capacité des habitants à pêcher. Cette sécheresse a également fait place à des incendies de forêt qui ont brûlé une superficie plus grande que la Suisse et asphyxié des villes avec de la fumée.
Lorsque le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, est entré en fonction l’année dernière, il a effectué un changement de politique environnementale par rapport à son prédécesseur, Jair Bolsonaro. Ce dernier a privilégié l’expansion de l’agro-industrie au détriment de la protection des forêts et a affaibli les agences de protection de l’environnement, ce qui a fait bondir la déforestation à son plus haut niveau depuis 15 ans.
M. Lula de Silva a quant à lui promis une «déforestation zéro» d’ici 2030, mais son mandat se termine à la fin de l’année 2026. La perte de forêts en Amazonie brésilienne a diminué de 30,6 % au cours des 12 mois précédant juillet par rapport à l’année précédente, ramenant la déforestation à son niveau le plus bas depuis neuf ans, selon des données officielles publiées la semaine dernière.
Au cours de ces 12 mois, l’Amazonie a perdu 6288 kilomètres carrés, soit à peu près la taille de l’État américain du Delaware. Mais ces données ne rendent pas compte de la vague de destruction de cette année, qui sera seulement incluse dans les relevés de l’année prochaine.
Malgré les succès remportés dans la lutte contre la déforestation en Amazonie, le gouvernement Lula a été critiqué par les écologistes pour avoir soutenu des projets susceptibles de nuire à la région, tels que l’asphaltage d’une autoroute qui coupe une zone de forêt ancienne et pourrait encourager l’exploitation forestière, le forage pétrolier près de l’embouchure de l’Amazone et la construction d’une voie ferrée pour le transport du soja vers les ports amazoniens.
La visite de Joe Biden en Amazonie s’inscrit dans le cadre d’un voyage de six jours en Amérique du Sud, le premier de sa présidence sur ce continent. Il est parti de Lima, au Pérou, où il a participé au sommet annuel de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique et rencontré le président chinois Xi Jinping.
Après son passage à Manaus, il s’est rendu à Rio de Janeiro pour le sommet du G20, qui s’amorcera lundi.