Michigan: un quartier intriguant (partie 1)
Le (La) Michigan est cette partie de la ville de Magog située à l’est de la rivière Magog, dans le prolongement de la rue Principale Est. Avant 1877, on traversait la rivière en chaloupe pour se rendre sur sa rive est.
Le 2 décembre 1876, le conseil reçoit une demande d’Alvin H. Moore et autres pour la construction d’un pont qui permettrait de joindre le chemin qui mène à Katevale. Asa Hoyt est mandaté pour étudier cette possibilité et présenter son rapport à l’assemblée du 3 mars. La décision est reportée, et le 1er septembre le conseil se montre favorable au projet. Un montant de 25 $ est accordé à Samuel Hoyt jr. pour la construction du pont. En 1878, la rue Principale est prolongée de la rue Sherbrooke pour rejoindre le pont.
Les débuts du développement de ce secteur sont attribués à Horace Lee Knowlton. Un article du Stanstead Journal du 4 janvier 1883 nous apprend que Knowlton est à établir une nouvelle banlieue à l’est du pont qui traverse la rivière Magog pour joindre le chemin qui mène à Katevale. Il a vendu des lots avec l’intention d’y construire quelques maisons. La construction des usines du textile était en cours et ce promoteur anticipait le développement économique de ce secteur, dont les premières familles étaient en majorité anglophones (Knowlton, Hitchcock, Mallinson, Fisk, Milne, Bailey, etc.).
Le 1er décembre 1883, un comité de trois personnes (Giles. P. Moore, Samuel Hoyt et Sylvanus Stone), mis sur pied par le Canton, vient à la conclusion qu’un nouveau pont s’impose. Deux individus soumissionnent : William M. Hase pour 498 $, et Joseph Simoneau pour 875 $. La soumission de ce dernier est rejetée et celle de Hase est retenue. À la suite de la construction de la Grande Dame en 1911, en aval du pont, le niveau de l’eau s’élève et le pont, qui est maintenant trop bas, est endommagé par la crue des eaux et le flottage du bois. Le 16 décembre 1883, un dénommé William Connelly obtient une compensation de 20 $ pour des dommages causés à son cheval qui a défoncé le pont Michigan.
En août 1922, on en vient à la conclusion que le pont de 1884 doit être remplacé. Le 10 octobre, un règlement d’emprunt de 40 500 $ est adopté par le conseil municipal. Il est construit, selon des plans et devis fournis par le gouvernement, par les frères Albert et Édouard Côté, le plus bas de deux soumissionnaires. Les travaux débutent à l’automne 1922, mais dès décembre, les frères Côté se déclarent incapables de poursuivre les travaux et ils transfèrent leurs droits et obligations à McKinnon Steel Co. de Sherbrooke qui fournit les poutres d’acier.
En 1923, une culée du pont en construction s’écroule. La Ville nomme un inspecteur pour surveiller les travaux. Des conflits surgissent entre les deux parties et McKinnon met fin aux travaux en septembre 1924. En novembre, avec l’intervention du ministère des Travaux publics, une entente intervient entre la Ville et McKinnon. La Ville doit payer McKinnon pour les travaux faits à date, et compléter elle-même le pont. Le gouvernement lui remboursera une partie des coûts encourus pour cette dernière phase. L’inauguration de ce troisième pont du Michigan, le premier en acier, a lieu à l’été 1925.
L’origine du nom Michigan, appliqué à ce secteur, n’est pas claire et quelques hypothèses ont été proposées, mais aucune n’a encore été clairement démontrée. Celle qui voudrait que le secteur ait été nommé pour les poutres d’acier utilisées dans la construction du pont, et qui seraient venues de l’État du Michigan, ne tient pas la route. Le terme «Michigan bridge» est retrouvé dans les procès-verbaux du conseil municipal du Canton de Magog dès le 1er décembre 1883, longtemps avant l’arrivée en 1923 de poutres d’acier fournies par McKinnon Steel Co. Ce troisième pont devra être remplacé en 1976-77 par le pont actuel, nommé pour Mgr Origène Vel, curé de la paroisse Sainte-Marguerite-Marie de 1939 à 1969.
(À suivre)
Maurice Langlois