Le chantier d’Owl’s Head rebondit à l’Assemblée nationale
POLITIQUE. Les controversés travaux de construction sur le flanc est du mont Owl’s Head ont fait les frais de la période de questions de l’Assemblée nationale du Québec, mercredi matin (12 mai).
La porte-parole de l’opposition officielle en matière d’environnement et députée libérale de Verdun, Isabelle Melançon, a d’abord relayé les doléances du groupe Memphrémagog Conservation Inc. (MCI). Elle a partagé l’indignation de ces écologistes relativement au déboisement et au dynamitage dans un écosystème fragile, dont l’objectif consiste à «construire des maisons luxueuses et somptueuses aux abords du lac Memphrémagog».
Elle a profité de la tribune pour relayer la demande du MCI pour que le gouvernement évalue l’impact réel du projet sur la biodiversité. «On assiste à la destruction d’un joyau de la biodiversité du Québec, j’aimerais savoir ce que fait le ministre de l’Environnement pour empêcher cela?», a questionné Mme Melançon.
Benoît Charrette a rappelé l’importance du respect des normes et règlements, tout en précisant que l’actuelle gestion de ce dossier est dans la cour du Canton de Potton, qui doit respecter les schémas d’aménagement.
«Et si un certificat d’autorisation devait être nécessaire, c’est là où la procédure s’enclenchera pour s’assurer que cette biodiversité soit respectée, s’assurer que la valeur et le patrimoine naturel du secteur soient respectés. Mais dans notre cas, actuellement, on demande à la Municipalité de respecter son schéma d’aménagement», ajoute le ministre de l’Environnement.
La députée libérale a aussi demandé à M. Charrette s’il pouvait rencontrer le MCI dans les prochains jours afin de discuter de ce dossier, considéré comme «carnage» par des riverains.
Le ministre a accepté, tout en disant n’avoir reçu aucune demande en ce sens. Il invite le député caquiste d’Orford, Gilles Bélanger, à y assister.
Quelques heures plus tard, le président du MCI, Robert Benoit, a tenu à préciser que le ministre avait précédemment reçu trois demandes de rencontres portant sur Coventry et Owl’s Head, dont une par courrier recommandé, mais demeurées sans réponse.
Le député libéral de La Pinière, Gaétan Barrette, a également mis son grain de sel. Il a rappelé la présence du député d’Orford, Gilles Bélanger, à titre actionnaire aux premières heures de Destination Owl’s Head, avant de devenir député et quitter cette entreprise.
«Si le ministre de l’Environnement débarquait et faisait son travail face à ce saccage environnemental, est-ce que ça pourrait nuire aux intérêts pécuniaires du député d’Orford?», a-t-il lancé.
«On reconnaît le collègue dans son style. Je pense que le plus grand saccage qui a été fait, c’est dans le réseau de la santé alors qu’il était lui-même ministre responsable du dossier», a répliqué le ministre de l’Environnement.
Le député d’Orford a tenu à rectifier les faits mercredi après-midi. Son bureau de comté précise, par voie de communiqué, qu’il n’a plus aucun intérêt dans la station Owl’s Head depuis juin 2018, incluant le groupe promoteur Destination Owls Head.
«À l’époque où M. Bélanger était impliqué dans ce groupe, aucun projet de dézonage n’était envisagé. De plus, ce secteur était visé par un scénario de conservation et des démarches avaient été entreprises avec Conservation Canada et Corridor Appalachien. Tout au long de son implication à Owl’s Head, M. Bélanger a eu l’environnement au cœur de ses préoccupations. Sa vision environnementale a d’ailleurs été saluée à l’époque par plusieurs acteurs du milieu incluant les gens du MCI», lit-on.