Un labyrinthe au milieu d’un champ attire beaucoup de curieux
WATERVILLE. Juché aux abords de la route 143, à Waterville, le labyrinthe de la ferme Topher est bien plus qu’une nouvelle attraction touristique. En plus de pouvoir s’y perdre pendant des heures, les plantes qui servent d’allées sont également utilisées dans le cadre d’un projet d’agriculture régénératrice.
Le propriétaire de la ferme Topher, Christopher Ménard, avoue que ça fait longtemps qu’il pense ouvrir les portes de ses champs aux visiteurs, question de les éduquer sur la centaine de variétés de fruits, de légumes et de plantes qui poussent sur ses terres d’une dizaine d’hectares.
L’idée d’un labyrinthe lui vient à l’esprit alors qu’il élabore son plan d’agriculture régénératrice, il y a quelques mois. Cet ensemble de pratiques vise notamment à restaurer les sols en leur offrant une petite pause, le temps qu’ils se régénèrent de façon naturelle. «Je voulais faire une rotation de mes cultures pour reposer mes terres, confie l’agriculteur au léger accent anglais. Cela voulait dire qu’il y aurait une parcelle de nos terres qui ne seraient pas en production pendant pratiquement toute une année. C’est une technique très durable, très verte, mais qui n’est pas très rentable au niveau de la production.»
Tant qu’à perdre cet espace, aussi bien lui trouver une nouvelle utilité, a-t-il pensé. «Au lieu de planter du maïs, j’ai fait quelques recherches et je suis tombé sur le sorgho-soudan, un gazon africain. Certains s’en servent pour la culture d’engrais vert. La plante pousse très rapidement, ce qui était parfait pour mon projet de labyrinthe.»
En quelques mois à peine, le sorgho-soudan est passé de quelques centimètres à plus de huit pieds. L’agriculteur s’est ensuite lancé dans la création du nouvel attrait. «Ça m’a pris une vingtaine de minutes créer les plans.»
Disons que ç’a pris pas mal plus de temps de transporter l’idée du papier vers les champs. «Il a d’abord fallu couper les plants pour créer des allées. J’ai aussi planté du trèfle entre les rangées pour aider à la culture régénératrice.»
Le sorgho-soudan possède aussi des qualités que le maïs ne possède pas. «On peut faire des allées plus rapprochées, ce qui nous permet d’avoir une structure plus compacte. Le sorgho est aussi plus doux que le maïs. Lorsqu’on court dans le labyrinthe et qu’on passe près de la plante, c’est beaucoup plus agréable que de frapper un épi.»
Le résultat est pour le moins fort réussi… et déstabilisant pour les braves visiteurs qui oseront s’y aventurer. Sur une acre de superficie, il faut faire entre trois et six kilomètres pour réussir les différentes missions et se sortir du labyrinthe. «Il y a même des adultes qui ont dû abandonner, car ils ne trouvaient pas la sortie. En moyenne, les gens peuvent le faire en une heure ou deux. Le plus rapide l’a fait en 30 minutes, mais il a étudié le parcours et a couru tout le long.»
Outre trouver la sortie, les gens doivent mettre la main sur la pierre de direction, le cristal de la patience et le gemme de vitesse, en plus de trouver le protecteur du labyrinthe. «On doit avoir l’étampe pour prouver qu’on a réussi l’épreuve», raconte M. Ménard.
VERSION DE NUIT
Au cours des prochains jours, l’équipe de la ferme Topher offrira la possibilité de s’aventurer dans son labyrinthe en fin de soirée. «Ce sera éclairé et on offrira des bâtonnets lumineux [glow sticks] aux enfants pour les aider encore plus.»
Et qui dit version nocturne, dit aussi Halloween. «On aimerait bien faire une version hantée. On travaille là-dessus.»
Y aura-t-il des gens assez braves pour affronter le labyrinthe… hanté?
UN TOUT NOUVEAU PARCOURS EN 2022
Comme le projet en est d’agriculture régénératrice, le labyrinthe changera d’emplacement l’an prochain. «C’est certain que je veux poursuivre cette aventure en 2022. Nous avons dix acres de terres. Celles utilisées cette année reprendront la culture l’an prochain. Nous avons un peu de difficulté avec nos terres de foin, alors c’est probablement à cet endroit qu’on installera le labyrinthe, pour aider cette section à se régénérer», explique Christopher Ménard.
Ce dernier souhaite aussi créer une version miniature du labyrinthe pour les tout-petits.
L’ajout de technologies fait également partie de ses plans. «On aimerait bien demander à des étudiants du cégep ou de l’université de concevoir quelque chose avec des tablettes pour bonifier l’expérience.»
«Mon rêve, c’est que le labyrinthe devienne un attrait de notre belle région, au même titre que le pont suspendu ou encore Foresta Lumina», souhaite le principal intéressé.