Les artisans d’une récolte » historique «
Les décès récents de Madeleine Gagné et d’Andrée Chartrand ne sont pas sans rappeler à plusieurs le souvenir du lancement de la Société d’histoire de Magog (SHM), en 1988. Avec d’autres pionniers et pionnières, ces deux femmes, l’une comme secrétaire et l’autre comme présidente, espéraient donner un élan à la connaissance que les Magogois avaient de leur passé.
On comptait parmi ces éclaireurs Jacques Boisvert, Laurette Faucher, Aline Dupaul, Onil Dionne et Rock Lapalme. Puis, dès 1989, des départs ont été effectués et d’autres membres sont arrivés – Alain Roy, Marco Audet, Guy Désilets, Micheline Audet, Tracie Taylor, Fernand Boisvert, Ginette Asselin, etc. – , donnant une nouvelle impulsion à la SHM.
Il faut bien comprendre qu’avant les années 1980, il n’y a eu que quelques initiatives individuelles sur le plan historique provenant de différentes personnes, entre autres Leonard Auger, Jean-Maurice Lapalme ou John Peters. Ce dernier, un ancien cadre de la Dominion Textile, avait par exemple été, avec la collaboration d’Alexandre Paradis, à l’origine d’une Histoire commerciale et industrielle de Magog, en 1951. Elle a longtemps été le document historique le plus diffusé dans notre ville.
Lors de l’année charnière qu’a été 1988, celle des célébrations du centenaire, l’ouvrage Magog : cent ans et plus d’histoire, de Dionne et Lapalme, est venu ajouter à nos connaissances.
Ce projet n’aurait toutefois pu voir le jour sans la contribution d’un autre incontournable de notre histoire locale : Jacques Boisvert. Cet assureur, passionné de plongée sous-marine, s’était donné comme mission de documenter tous les recoins de notre passé, dont ceux du lac Memphrémagog qu’il affectionnait particulièrement.
Textes, photographies, témoignages oraux, cartes géographiques et tutti quanti : Jacques Boisvert a amassé une somme d’informations colossale qui lui ont servi à alimenter sa Société d’histoire du lac Memphrémagog et les nombreuses chroniques qu’il rédigea pendant plusieurs années dans des hebdomadaires locaux. Elles devinrent populaires au point où plusieurs Magogois en faisaient leur premier point d’intérêt lorsqu’ils ouvraient les pages de l’Outlet, du Progrès de Magog ou du Reflet du lac.
Malgré cela, la quête d’informations historiques par la SHM et la volonté de ses membres de les partager ont rencontré bien des obstacles. Par exemple, il fallait encore convaincre bien des gens de la pertinence de s’intéresser à » notre » histoire. De plus, les ressources étaient plutôt limitées au départ.
Toutefois, avec un local, situé à un moment donné devant le parc des Braves, une généreuse dose de bénévolat et une subvention municipale annuelle obtenue en 2003 sous l’administration du maire Marc Poulin, la SHM a continué d’accroître ses services, ses collections et sa visibilité.
Cet apport, conjugué au site patrimonial exceptionnel que constitue le Maison Merry depuis 2018, fait que les Magogois bénéficient maintenant d’une » offre historique » à laquelle ne pouvaient que rêver ceux qui voulaient stimuler notre intérêt pour l’histoire en 1988.
Raison de plus pour leur donner un coup de chapeau bien senti et rappeler que, malgré les embûches, leurs espoirs et leurs efforts n’ont pas été vains.