Bruno Fillion, le miraculé de la Floride
RENAISSANCE. La vie ne tient parfois qu’à un fil. Le Magogois Bruno Fillion a été à même de le constater, le 4 janvier dernier, lorsqu’un arrêt cardiaque a bien failli le terrasser au terme d’un match de hockey amical en Floride.
Il aura fallu l’intervention rapide de deux pompiers américains, qui évoluaient pour l’équipe adverse, et de multiples réanimations pour lui permettre de raconter son histoire aujourd’hui.
«Je me suis mis à avoir des brûlements à l’estomac avec une quinzaine de minutes à jouer, et j’ai décidé de quitter la rencontre avant les autres, parce que ça ne passait pas. Après avoir pris ma douche, j’ai quitté le vestiaire et je me suis effondré pratiquement en sortant de la chambre», raconte le Magogois de 58 ans, avec beaucoup d’émotion.
«Je suis vraiment chanceux d’avoir perdu connaissance à cet endroit, car mes coéquipiers quittaient la glace au même moment et ils ont tout de suite alerté les joueurs de l’autre équipe. Ceux-ci m’ont administré des messages cardiaques et deux électrochocs à l’aide du défibrillateur de l’aréna. Si j’étais tombé 10 pieds plus loin, peut-être qu’on ne m’aurait pas aperçu et qu’on m’aurait secouru beaucoup plus tard», avance-t-il.
Une fois rendu à l’hôpital, Bruno Fillion a dû être réanimé à nouveau par le personnel médical. «Au total, j’ai reçu six électrochocs. Les médecins m’appelaient le miraculé, car ils m’ont dit qu’ils n’avaient jamais vu quelqu’un subir autant de réanimations… et s’en sortir vivant.»
«Le cardiologue en chef m’a mentionné que j’avais maintenant une nouvelle date de fête, le 4 janvier, le jour où je suis revenu à la vie.»
Un accident de parcours
Après un séjour aux soins intensifs et la pose d’un «stent» (endoprothèse), Bruno Fillion obtient son congé de l’hôpital après quelques jours.
Ayant toujours présenté une forme physique exemplaire, le Magogois apprend que son épisode cardiaque n’était qu’un accident de parcours. «Il y a une petite particule qui a bloqué mon artère et qui a tout déclenché. Comme je n’avais pas d’autres problèmes, je me suis remis sur pied plus rapidement», s’est-il réjoui.
Ayant l’habitude de passer une partie de l’hiver en Floride depuis quelques années, Bruno Fillion était même à quelques mois de devenir officiellement retraité lorsqu’il s’est retrouvé entre la vie et la mort. «Nous avions décidé de vendre notre compagnie (il était copropriétaire des Coffrages Carmel) et il ne restait plus que les papiers officiels à signer. Lorsque je suis revenu au Québec en avril et que nous avons officialisé la transaction, j’étais encore plus convaincu que nous avions pris la bonne décision», a fait valoir celui qui travaillait pour l’entreprise familiale depuis plus de 40 ans.
Son heure n’était pas venue
Ayant recommencé à jouer au hockey et à faire d’autres sports après quelques mois de repos, Bruno Fillion souhaite maintenant pouvoir partager le plus de temps possible avec ses proches, notamment sa conjointe Sonia et leurs deux filles, tout en voyant grandir ses quatre petits-enfants.
Ironiquement, son frère Marc avait lui aussi subi un malaise cardiaque en 2017, lors d’un match de hockey, l’obligeant à se tenir loin de ce sport durant une année complète. «Il n’y a pas de lien entre nos deux incidents, mais ça nous fait sans doute apprécier encore plus la vie», croit-il.
Et à ceux qui se posent la question: non, il n’a pas aperçu la fameuse «petite lumière», même s’il a été cliniquement mort à quelques reprises. «Bien sincèrement, je n’ai aucun souvenir entre le moment où je suis sorti du vestiaire de l’aréna et celui où je me suis retrouvé intubé à l’hôpital. Je pense seulement que ma mère (qui est décédée il y a deux ans) a décidé que mon heure n’était pas venue et que je méritais de profiter un peu de ma retraite», a-t-il philosophé.
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