En mode travail pour dénouer la crise «alarmante» du logement dans Memphrémagog
HABITATION. Qualifiant la situation de «criante» et «d’alarmante», des acteurs du milieu se mobilisent depuis un an pour tenter de dénouer l’impasse de la crise du logement, dont les impacts affectent bon nombre de résidents sur le plan financier et sur leur santé.
Intitutlée Chantier Habitation, cette mobilisation a été notamment orchestrée par la Table de développement social (TDSM) et la CDC Memphrémagog (CDCM) au printemps 2021. Depuis, de nombreux acteurs issus de différents milieux (communautaire, politique, santé publique et affaires) se sont greffés au groupe afin de dresser un véritable portrait de la situation et, évidemment, trouver des solutions concrètes.
«Le taux d’inoccupation dans Memphrémagog est vraiment très bas. On parle de 1,2% pour un logement avec deux chambres et de 0,8% pour les familles qui recherchent trois chambres et plus. Cette situation crée une rareté de logements, qui engendre des hausses fulgurantes des prix. À cette réalité s’ajoutent l’inflation et les taux d’intérêt qui sont aussi en hausse. Pour se loger, c’est extrêmement difficile», soutient l’agente de développement communautaire pour la CDCM, Amélie Hudon.
Une itinérance invisible
Résultat, bien des résidents se retrouvent pris à la gorge sur le plan financier. Dans Memphrémagog, plus de la moitié des locataires (51%) utilisent plus de 30% de leurs revenus pour se loger. À titre comparatif, ce pourcentage diminue à 36% pour l’ensemble de l’Estrie. Certaines personnes arrivent péniblement à joindre les deux bouts, tandis que d’autres s’endettent à un rythme effréné. Ultimement, certains se retrouvent même en situation d’itinérance.
«Les difficultés et la détresse liées à l’habitation touchent une très grande partie de notre population. Peut-être que certains seront surpris de l’apprendre, mais de l’itinérance, il y en a. Il y en a même plus que l’on pense.»
«Il s’agit davantage d’une itinérance non visible, contrairement à ce que l’on voit dans les grands centres, par exemple, poursuit Amélie Hudon. Par itinérance non visible, je parle de gens qui n’ont plus les moyens de s’offrir un toit et qui se retrouvent à dormir d’un endroit à l’autre, que ce soit chez de la famille et des amis, ou encore dans leur voiture. Certains sont même obligés de se déraciner en déménageant ailleurs.»
Des loyers disponibles, mais trop chers
Un autre problème à l’heure actuelle est qu’il existe peu d’hébergement d’urgence en sol magogois. L’une des ressources est Solidarité Logement, qui offre deux appartements de très courte durée à des personnes en situation de crise d’hébergement. Si cette aide est appréciée par ses utilisateurs, ces derniers se butent rapidement à de nouvelles embûches lorsqu’ils doivent trouver un nouvel endroit où habiter.
«Lorsqu’on fait une recherche des logements à louer dans les environs, la moyenne est actuellement de 1200 $ par mois, en excluant les loyers de plus de 2500 $. On n’a rien contre les beaux condos, mais si on veut régler ce problème, il doit y avoir sur le marché une offre de logements diversifiée et accessible.»
«Les solutions doivent être multiples et provenir de tous les acteurs. On pense à plus de logements abordables du secteur privé, plus de logements sans but lucratif comme des OBNL ou des coopératives, des projets favorisant la mixité sociale et durable et l’accès à de meilleurs leviers financiers», donne-t-elle en exemple.
Faire respecter un droit fondamental
Même s’il faudra faire preuve de «patience» face à cet enjeu de taille, Amélie Hudon se dit encouragée par la mobilisation des acteurs du milieu, qui prouve une prise de conscience collective. «On ne se le cachera pas, le Chantier Habitation a des visées qui sont davantage à long qu’à court terme. Une crise du logement, ça ne se change pas en claquant des doigts. Reste qu’en travaillant tous dans la même direction, on sera en mesure de mieux s’outiller et s’allier pour améliorer les choses. Car le logement, c’est un droit fondamental, et on veut qu’il soit respecté pour toute la population de Memphrémagog, quelle que soit sa réalité», conclut Mme Hudon.