L’accueil mitigé du projet immobilier à Orford fait déjà retarder le processus

IMMOBILIER. Les appréhensions des citoyens concernant le projet résidentiel et commercial au coeur villageois de Cherry River forcent les élus du Canton d’Orford à retarder l’adoption des plans proposés par le promoteur. Le conseil envisage aussi de modifier quelques éléments irritants aux yeux de la population.

Presque la majorité des commentaires exprimés lors de la consultation publique de lundi dernier (28 novembre) ont remis en question les plans soumis pour trois bâtiments commerciaux et trois autres immeubles résidentiels à l’angle des chemins Alfred-Desrochers et du Parc à Orford.

Plusieurs voisins de l’avenue des Jardins ont manifesté leur désapprobation. Ils s’inquiètent de perdre une partie de leur qualité de vie au détriment de 45 logements et de commerces comme une épicerie et une pharmacie. Ils craignent le va-et-vient des résidents et des clients, surtout que les futurs bâtiments seraient construits à environ 40 mètres de leur maison.

Parmi les 170 personnes présentes en salle ou à distance, notons d’autres interventions remettant en question l’arrivée d’une épicerie quelques années après la fermeture d’une autre située à moins de deux kilomètres sur la route 141.

Quelques citoyens craignent la destruction du noyau villageois champêtre au détriment d’un site commercial inspiré de la Rive-Sud de Montréal. En d’autres termes, on souhaite un modèle semblable au village de Sutton plutôt que des imitations de type Saint-Sauveur.

La sécurité des cyclistes et piétons, la signature architecturale et la protection de l’environnement figuraient aussi parmi la longue liste de préoccupations provenant de la trentaine d’interventions émises par les citoyens. L’absence d’une étude de circulation, à ce stade du processus, en a aussi irrité quelques-uns.

LE CONSEIL EN RÉFLEXION

Dès le lendemain de la consultation, la mairesse Marie Boivin a confirmé que le conseil retournera à la table de travail. «On a pris bonne note des commentaires et on souhaite poursuivre notre réflexion, annonce-t-elle. On a fait cette soirée pour avoir des opinions et améliorer le projet, ce que le promoteur semble ouvert à faire.»

Cette décision bouscule déjà la calendrier du conseil, qui prévoyait adopter le second projet de résolution dès lundi prochain (5 décembre). Sans embûche ni contestation, l’échéance prévoyait l’entrée en vigueur du règlement à l’hiver ou au printemps 2023. Le souhait formulé par le promoteur William Belval de construire au printemps prochain risque aussi d’être reporté.

La mairesse prévient néanmoins que le besoin de services de proximité et de loyers abordables demeure bel et bien réel pour une autre partie de la population, qui était presque totalement absente de la consultation de lundi dernier. «Notre responsabilité consiste à assurer un développement harmonieux à court et à moyen terme, avise-t-elle. On doit trouver un équilibre pour répondre aux besoins de tous nos citoyens.»

Marie Boivin tient aussi à informer les gens que le règlement de zonage autorise déjà les usages commerciaux à cet endroit. Le promoteur pourrait construire les trois bâtiments commerciaux dès maintenant, s’il le désire. Les immeubles résidentiels pourraient même avoir une vocation différente si le changement de zonage échoue. «On veut bonifier le projet, mais on préfère un usage mixte pour minimiser les impacts», ajoute-t-elle.

Quelques modifications au zonage doivent être approuvées avant d’autoriser le projet. Elles ciblent notamment un taux de verdissement atteignant 50% ainsi que l’ajout de l’usage résidentiel. Ce dernier point permettrait la construction de trois bâtiments résidentiels de 15 unités de logement chacun, d’au plus 12 mètres de hauteur, de trois étages et de stationnements souterrains (64 cases intérieures).

Les unités résidentielles (3½, 4½ et 5½) sont prévues à des fins locatives de longue durée (aucun condo ni location de courte durée). Les fils électriques seraient souterrains sur la quasi-totalité du site.