Le sécurité des patients remise en question à l’hôpital de Magog

SANTÉ. La réorganisation de travail liée à la fermeture du 4e étage de l’hôpital magogois s’est faite moins en douceur que prévoyait la direction du CIUSSS de l’Estrie-CHUS. Le déplacement des patients aurait même compromis la qualité des soins et la sécurité des usagers.

Rappelons qu’en mars dernier, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de l’Estrie annonçait la fermeture temporaire du 4e étage et de son Unité transitoire de récupération fonctionnelle (UTRF) pour le mois de mai. L’objectif consistait à atténuer l’effet de la période des vacances estivales sur le nombre d’employés présents au Centre de santé et de services sociaux de Memphrémagog, et ce, jusqu’à l’automne prochain.

Cette modulation était la solution adoptée par la direction, car elle craignait que cette période de vacances, jumelée à la pénurie de main-d’oeuvre, affecte la qualité des services offerts pendant la période estivale. «La direction assure que les décisions n’auront aucun impact sur les patients ni sur la qualité et la sécurité des usagers», précisait-elle en mars dernier.

On a cependant et rapidement craint le pire dès les premiers pas de cette réorganisation de travail, aux dires du président du Comité de vigie santé et services sociaux Memphrémagog, Jean-Guy Gingras. Le 6e étage a notamment accueilli des patients en convalescence du 4e étage, en plus de patients atteints de diverses maladies cognitives, telle la démence. Les tâches se sont alourdies, car les patients atteints de troubles de comportement majeurs avec agressivité n’ont pu être relocalisés rapidement.

DES CRAINTES AUSSI POUR LA SANTÉ DES EMPLOYÉS

La réduction du personnel fait également craindre pour la santé physique et mentale des employés. En avril dernier, un usager agressif a nécessité la présence de dix personnes afin d’être maîtrisé. L’aide des policiers a même été réclamée pour contrôler le patient, surtout que les employés des autres secteurs étaient déjà débordés sur d’autres étages pour leur venir en aide.

Un autre employé a subi une fracture cervicale à la suite d’une agression venant d’un patient reconnu pour avoir un potentiel agressif élevé envers les autres.

On a aussi craint pour la sécurité des autres patients, pour la plupart vulnérables, en raison des autres usagers agressifs. Les soins et les suivis sont également diminués lorsqu’un cas en détresse monopolise l’attention de tout l’étage.

Ces situations font bondir le président du Comité de vigie, M. Gingras. Selon lui, le peu de ressources disponibles dans l’hôpital pour faire face aux différents codes d’urgence (violence, réanimation ou incendie) ne met pas seulement des départements en danger, mais tout l’hôpital en général. «C’est inquiétant, déplore-t-il. On réclame plutôt une meilleure sécurité, des soins minimaux de base et que la direction écoute davantage les employés pour assurer la qualité des services offerts.»

Il déplore le manque d’écoute de la direction, qui ne semble pas prendre en considération l’avis du personnel sur le terrain. C’est pour cet aspect que Jean-Guy Gingras se dit particulièrement préoccupé. Il a notamment abordé ce « manque de communication » lors d’une rencontre avec le PDG Stéphane Tremblay et la PDG adjointe, Robin-Marie Coleman, le 9 juin prochain.

« Ça ne fonctionne pas, déplore M. Gingras. On doit tous marcher dans la même direction, sinon on risque de perdre du personnel qualifié et d’écoper de coupures de services. On doit bien traiter nos patients, mais aussi notre personnel si on veut les conserver. »

UNE FERMETURE DE DÉPARTEMENT PRÉOCCUPANTE

Les Comités des usagers et des résidents de Memphrémagog jugent préoccupantes les conséquences de la fermeture temporaire du 4e étage. La présidente sortante du Comité des usagers, Michèle Salvail, estime qu’il est actuellement très difficile d’offrir des soins de qualité à une clientèle très diversifiée qui n’a pas les mêmes besoins. Des patientes âgées déplacées au 6e étage y ont même vécu des événements perturbateurs, selon elle. 

«On espère retrouver l’expertise de l’Unité transitoire de récupération fonctionnelle (UTRF) du 4e étage l’automne prochain, car le personnel craint une fermeture permanente», ajoute la nouvelle présidente du Comité des usagers, Lori Duggan.

Quant au président du Comité des résidents, Yannick Conilh de Beyssac, il prévient la direction que de graves conséquences guettent l’hôpital lorsqu’on «ne donne pas les soins attendus aux bonnes personnes». «Chaque aîné doit recevoir le soin pertinent à sa condition», recommande-t-il.

Réactions du CIUSSS ici.