« Mon Tim, c’est le plus beau cadeau que j’ai reçu »

FAMILLE. L’amour est au coeur d’une histoire touchante entre Josée Poulin et son fils Tim, avec qui elle vit depuis maintenant 30 ans en raison de la condition de son garçon vivant avec une maladie rare. Aujourd’hui, Josée considère cet « imprévu » comme un présent inespéré.

Âgé de 30 ans, Tim Lascelles est autiste et est né avec le syndrome de Landau-Kleffner, une encéphalopathie épileptique reliée à l’âge qui se manifeste habituellement entre l’âge de 3 et 8 ans. Celle-ci se traduit entre autres par une régression au niveau du langage et des déficiences sociales et cognitives. Il communique donc principalement par des gestes et des sons.

Sa mère s’occupe de lui au quotidien depuis sa naissance. Déterminée à donner à son garçon la meilleure vie possible, elle a pris la décision très tôt de lui dédier la sienne.

« Je me souviens du moment, se remémore Josée Poulin, qui réside actuellement à Magog. Tim avait peut-être quatre ou cinq ans. Je me suis assise et j’ai décidé de voir le verre à moitié plein. Je me suis demandé comment faire pour lui permettre de vivre sa vie au maximum. »

Le verre à moitié plein, c’est également de cette manière que Mme Poulin approche les difficultés d’avoir un fils handicapé. Lorsque questionnée sur les défis qu’elle rencontre avec Tim, elle parle de réussites. Quant aux épreuves, elle les voit comme des apprentissages.

« Ce n’est pas toujours facile, c’est vrai, avoue-t-elle. Mais quand je regarde tout ce qu’il est capable de faire aujourd’hui, certaines choses comme du vélo, qu’on pensait impossible, ça me permet de me concentrer sur le positif. »

UNE COMPLICITÉ EXCEPTIONNELLE

La relation entre les deux membres de la famille est incomparable. Après 30 ans à s’occuper tous les jours de son fils, maman se compte chanceuse de l’avoir à ses côtés au quotidien.

« Mon Tim, c’est le plus beau cadeau que j’ai reçu. Ça fait longtemps que j’ai arrêté de regarder derrière à ce que j’aurais pu avoir avec un enfant « normal », parce que j’ai tout ce dont j’ai besoin ici », mentionne celle qui travaille également avec des individus vivant avec un TSA ou une déficience intellectuelle au sein du CIUSSS de l’Estrie-CHUS.

Elle indique d’ailleurs que son poste, qu’elle occupait avant la naissance de Tim, l’a aidée énormément dans l’éducation de son fils.

« Je blague souvent en disant que j’aime tellement mon travail que je me suis fabriquée un enfant handicapé, lance-t-elle en riant. C’est certain que ma formation m’a facilité la tâche. À l’inverse, l’arrivée de Tim m’a aussi aidée au travail. J’étais capable de me mettre à la place des familles et je pense que ça leur permettait de voir l’humain en moi. »

UN ESPACE « INTERDIT AUX MAMANS »

Même s’il n’est pas comme la plupart des adultes de son âge, Tim a tout de même besoin de son intimité. Adorant la présence de ces amis lorsqu’il fréquente le camp de jour Han-Droits, sa capacité sociale à tout de même ses limites. C’est également le cas à la maison, où il ressent parfois le désir d’être seul.

Consciente de ce besoin, sa mère a trouvé une solution originale. Une mini-roulotte dans laquelle Tim peut s’amuser seul dans la cour arrière, à la vue de maman. Une initiative qu’il adore visiblement.

Tim est aux anges dans son petitchez-soi. (Photo Le Reflet du Lac – Jérémy Trudel)

« Je cherchais comment lui donner son intimité outre que d’être enfermé dans sa chambre, explique-t-elle. Je suis tombée sur ces mini-roulottes et je trouvais le concept génial. On l’a installé à l’arrière de la maison et depuis qu’elle est là, il peut y passer des heures chaque jour. »

Jeux vidéo, musique, radio. Tim a tout ce dont il a besoin pour s’amuser de manière autonome. Il n’y a qu’une seule règle à ce petit paradis. C’est un repère « interdit aux mamans. »

« Il a parfois besoin d’être seul, et je le comprends. Je crois que je peux lui tomber autant sur les nerfs que n’importe quelle mère avec un fils de 30 ans. L’avantage, c’est que je reçois probablement beaucoup plus de becs que les autres », assure-t-elle en regardant de loin Tim dans sa roulotte, tous deux le sourire aux lèvres.

(Photo Le Reflet du Lac – Jérémy Trudel)