Un patient dégoûté par le système de santé
SANTÉ. Le Magogois Jean-Claude Ziani déplore grandement l’état du système de santé québécois et espère une révolte de la population face à ce qu’il considère un «non-sens au respect de l’humanité».
Par Charles-Antoine Rondeau
Le médecin de M. Ziani est récemment parti pour la retraite. Son dossier n’ayant pas été transféré, il se retrouve aujourd’hui sans médecin de famille. «C’est clair qu’il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans notre système. Pour avoir un nouveau médecin de famille, ça peut prendre plusieurs mois, voire des années. De qui on se moque?» interroge-t-il.
La porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Caroline Gingras, mentionne que lorsqu’un médecin de famille prend sa retraite et qu’il n’est pas en mesure de référer ses patients à un autre médecin, ces derniers sont invités à s’inscrire au Guichet d’accès pour la clientèle orpheline (GACO).
«Leur demande est alors évaluée et une priorité leur est accordée selon leur état de santé et la disponibilité des médecins. Entre-temps, en cas d’urgence, ils peuvent utiliser les services de consultations médicales sans rendez-vous», continue-t-elle.
Des processus nécessaires?
M. Ziani critique également le processus de prise de rendez-vous dans les cliniques médicales. «Lorsque je suis allé voir à la clinique où j’allais, on m’a dit qu’il y avait de la place demain. Cependant, ils ne pouvaient pas prendre mon inscription tout de suite et je devais appeler le soir à 22 h 30. Qu’est-ce que c’est que cette farce? C’est honteux», de dire le plaignant.
Une autre porte-parole au ministère, Noémie Vanheuverzwijn, répond que chaque clinique décide de la façon dont elle gère son horaire.
Le citoyen de Magog dénonce aussi le fonctionnement des urgences dans les hôpitaux.
«Il y a 2 ans, je suis allé à l’urgence pour une toux persistante, vers 3 heures du matin. C’était vide, alors j’ai cru que ça allait être rapide. Je dis à l’infirmier que je veux une bouteille de sirop et puis retourner chez moi. Il me répond qu’il fallait que je passe devant le médecin. Le pharmacien est-il plus utile que le médecin? Ça ne marche pas», avance-t-il.
Mme Vanheuverzwijn informe qu’il s’agit de responsabilités déontologiques. «Les patients doivent passer par le triage. Quelqu’un qui fait un arrêt cardiaque va passer devant quelqu’un qui présente les symptômes d’un rhume, mais le médecin doit évaluer chaque patient» de dire la porte-parole du MSSS. Elle ajoute qu’en cas de doute, il est possible d’appeler Info Santé au 811 ou de se rendre en pharmacie.
Selon le bilan annuel du Collège des médecins du Québec sur les effectifs médicaux, en décembre 2015, 392 médecins de famille pratiquaient en Estrie, soit 4 de plus qu’en 2014.
«La répartition est faite en fonction des besoins de la région. Les Plans régionaux d’effectifs médicaux autorisent, pour chaque région du Québec, une cible pour le recrutement de médecins de famille qui permet de répartir équitablement l’ajout d’effectifs», de conclure Caroline Gingras.