Marston Emery Adams : pionnier et promoteur du ski au Mont-Orford
Si le crédit de la création du parc national du Mont-Orford, en 1938, revient de plein droit au docteur George Austin Bowen, celui de la promotion du ski dans les Cantons-de-l’Est et de l’organisation du Club de ski du Mont-Orford revient au dentiste magogois Marston E. Adams. Il s’y est consacré corps et âme de 1940 jusqu’à son décès accidentel prématuré, le 5 février 1951.
Né à Magog le 23 novembre 1899, il est issu du mariage de Clara Irene Marston (1874-1920) et de Emery John Adams (1874-1945), dentiste exerçant à Magog. À la suite de ses études primaires et secondaires au Magog High School, Marston complète ses études en chirurgie dentaire à l’université McGill, où il est promu en 1921. En août 1918, alors qu’il est encore étudiant, il joint le Corps expéditionnaire canadien d’outre-mer, mais il n’est pas appelé à servir à l’étranger. À Magog, le 22 août 1922, il épouse Annie Elizabeth Merry (1897-1948), fille de Horace Rice Merry et de Kate Vickers, et petite-fille de Ralph Merry V et de Susan Rexford. De cette union, naîtra une fille, Gene Adams, le 8 août 1927. À la suite du décès de son épouse, il épousera en secondes noces Nellie Broadbent, le 11 décembre 1948.
Sportif accompli, Adams pratique plusieurs sports, dont la boxe, le baseball et le maniement des armes à feu, mais le ski devient rapidement son sport favori. À la suite de la création du parc national du Mont-Orford, il réorganise le Club de ski de Magog, fondé par Robert Brien en 1938, sous le nom de Mount Orford Ski Club, sous la présidence d’Arthur Ling, gérant de la succursale locale de la Banque de Montréal. En août 1940, invité par Adams, Herman Smith Johannsen (Jackrabbit) vient déterminer des tracés de pistes. Dès l’hiver 1941-1942, une remorqueuse à câble (Ski-tow) est installée pour monter les skieurs sur le mont Giroux.
Symbole de dévotion au ski, le docteur Adams initie de nombreux jeunes à ce sport. Il rassemble des dizaines de jeunes et le groupe atteint le pied des pentes à partir de la ferme Powers sur l’actuelle route 112, à proximité du Faubourg Saint-Bernard (sortie 115 de l’autoroute 10). En suivant le versant est du mont Giroux, ils arrivent au camp des Trois-Ruisseaux où un feu et des victuailles les attendent. Un autre moyen d’atteindre le pied des pistes est de se rendre au club de golf par la route en auto et, de là, atteindre le camp au pied des pentes en «sleigh» tirée par des chevaux. Ce service est assumé par les frères Pierre (Pete) et Jérémie (Jerry) Roy, moyennant une modeste contribution.
Dans ses journaux intimes, Adams donne une description détaillée de ces excursions en précisant le nombre, qui varie entre 30 et 50 skieurs, et souvent les noms des participants. Il précise aussi la température ainsi que les conditions de la neige. Le 21 février 1943, ils sont 75 skieurs, et cette année-là la saison de ski se termine le 9 mai. Parmi les jeunes initiés par Marston Adams au début des années 1940, se trouve Bob Richardson qui a fait du ski pour la première fois avec des « planches » que lui a prêtées son mentor. En 1952, Richardson représente le Canada aux VIe Jeux olympiques d’hiver à Oslo, en Norvège. Il participe aux trois épreuves de descente, slalom et slalom géant avec des résultats remarquables. Entre 1949 et 1956, il se classe régulièrement dans les trois premières places dans les épreuves combinées, tant québécoises que canadiennes. En 1997, Bob Richardson est intronisé au Temple de la renommée du ski canadien.
Pour sa part, le docteur Adams devient maire de Magog en 1946. Il décède à Montréal, le 5 février 1951, à la suite d’un accident de ski survenu à Mont-Tremblant le 2 février. En 1952, un événement annuel de ski est mis sur pied en son honneur : le «Annual Adams’ Memorial Alpine Ski Races». Cet événement attire des skieurs de grande qualité et le trophée Adams est remis au gagnant. Une piste porte également son nom pour commémorer la mémoire de ce promoteur du ski dans notre région.
Maurice Langlois
Serge Gaudreau