Des Correspondances fort courues

LITTÉRATURE. La 22e édition des Correspondances d’Eastman a connu un achalandage record, le week-end dernier aux dires de son directeur général Étienne Beaulieu. L’événement était de retour au Théâtre de la Marjolaine, qui l’a vu naître.

Malgré le temps froid et maussade de la fin de semaine, les visiteurs et amoureux des mots ont été nombreux à assister au dernier rendez-vous littéraire de l’été. La gestion de ce flux inespéré mais inattendu de personnes s’est d’ailleurs révélée être tout un défi pour la petite équipe en place. 

Sous le thème  » Les Révoltes « , le Théâtre de la Marjolaine a accueilli des artisans des mots, poètes et écrivains qui ont animé les discussions avec générosité et passion.

 » Les Correspondances d’Eastman offrent une place de choix à l’essai. Des auteurs et des autrices exposent leurs idées, leurs réflexions ainsi que leurs opinions personnelles sur un sujet les tenant à cœur. Ces moments sont riches et percutants. C’est un privilège, pendant tout un week-end, d’être baigné dans des thèmes brûlant d’actualité « , de souligner Étienne Beaulieu.

Des artistes: voix des révoltes actuelles

Près d’une quarantaine d’artistes ont abordé sous un angle personnel, le concept de la révolte à travers divers sujets tels le féminisme, l’écologie, la mort, la spiritualité ou encore la ségrégation.

Des spectacles, Grandes entrevues et Cafés littéraires ont attiré les foules, affichant souvent complets, pour le plus grand bonheur de l’équipe organisatrice.

Les Robert Lalonde, Nathalie Plaat, Hugo Latulippe et Anaïs Barbeau-Lavalette se sont succédé lors des différentes activités présentées sur les planches du mythique théâtre. Le Prix de l’essai LQ de la revue Lettres québécoise a été décerné à l’autrice Gabrielle Giasson-Dulude pour son ouvrage  » Entre les murs, des voix « .

Une expérience immersive en forêt a aussi été proposée au public en empruntant les sentiers du Portage des mots, en compagnie de la danseuse Ariane Boulet et de l’autrice et médiatrice culturelle Clémence Dumas-Côté. D’autres ont pu découvrir la poésie des plantes sauvages et leurs propriétés médicinales insoupçonnées pendant l’activité « Herboristerie poétique », avec pour guide, l’herboriste de renom Anny Schneider.

Une direction générale bien rodée et une transition

Impliqué auprès de l’organisation depuis une dizaine d’années, Étienne Beaulieu a accepté de prendre la direction générale, suite à la pandémie, qui a durement affecté le milieu culturel et les arts vivants. À ce moment, l’homme de lettres a hérité d’une organisation n’ayant plus de conseil d’administration et des états financiers moribonds. Il a aussi dû repenser la formule, tant pour  l’aspect logistique comme ramener les activités à la Marjolaine, que pour le contenu de la programmation proposée. Certains ont remis en question le choix de la découverte de nouveaux auteurs, plutôt que celle de la continuité des valeurs sûres, présentes d’une édition à l’autre.

 » Au début, le public nous demandait où étaient les têtes d’affiche habituelles, alors que maintenant c’est le contraire, il nous dit: qu’est-ce qu’on va venir découvrir aux Correspondances cette année?  » , remarque M. Beaulieu. L’état d’esprit des spectateurs a changé, le désir de la nouveauté est plus présent, ajoute celui-ci.

C’est donc avec le sentiment du devoir accompli que celui-ci tire sa révérence.  » Je pense que c’est le bon moment pour quitter parce que l’organisme va bien. Il y a vraiment une grosse poussée vers l’avant; les gens viennent plus que jamais, de partout à travers le Québec « , dit-il avec fierté.

L’auteur cite son désir de retourner à l’écriture et à poursuivre le travail au sein de sa maison d’édition, malgré son attachement viscéral à ce festival.

 » J’ai plein de livres à écrire et d’autres à éditer. Et je veux le faire pendant qu’il en est encore temps! Tout ce que je souhaite, c’est que la personne qui va prendre ce rôle, va être aussi bien accueillie que je ne l’ai été à mon arrivée « , conclut un Étienne Beaulieu serein.