Des Magogois craignent les ambitions hôtelières d’un futur gîte touristique
LAC MEMPHRÉMAGOG. Des résidents du chemin Georgeville, qui sont voisins d’un futur gîte touristique en construction depuis plus de cinq ans, ont mis en garde les élus magogois face à ce projet dont l’envergure et les ambitions soulèvent plusieurs questionnements.
Dominique Bourcheix a interpellé les élus à ce sujet lors de la plus récente séance du conseil municipal, le 2 juin dernier. S’exprimant au nom de quelques propriétaires qui demeurent au nord et au sud de la propriété située aux 1205 et 1207 du chemin Georgeville, la Magogoise a fait savoir que son groupe est «extrêmement» préoccupé et inquiet de ce qui dessine devant ses yeux.
Ayant mis la main sur les plans du projet baptisé «Le Clos d’Amboise» et les permis municipaux qui ont été accordés, à la suite de plusieurs demandes d’accès à l’information, Mme Bourcheix a fait état du «gigantisme» de ce projet considéré comme un gîte touristique au sens de la réglementation. «On retrouve 11 chambres à coucher, 19 salles de bains, une grande salle de réception avec salle de bain pour hommes et pour femmes. Il y a aussi une chambre pour le personnel, des salles de massage, un gymnase, une salle de jeux, deux salles à manger, un «poolhouse» et un grand garage souterrain. Et selon nos estimés les plus conservateurs, les coûts de construction s’élèvent à plus de 25 M$, alors que le permis ancien et récemment renouvelé parle toujours d’une construction de 2 M$», fait état Mme Bourcheix
En ce sens, la porte-parole et ses voisins craignent que les futures activités qui seront menées à cette adresse aient des impacts sur le voisinage qui auront été sous-estimés par la Municipalité, notamment «par un manque de vigilance» des décideurs politiques et des inspecteurs municipaux. «Nous avons tous acheté nos propriétés à différents moments pour la quiétude des lieux, la beauté de la nature et le fait qu’il s’agit d’une zone résidentielle. La Ville de Magog peut-elle nous assurer qu’elle ne permettra à ce propriétaire de faire indirectement ce qu’il n’a pas le droit de faire directement, soit d’opérer un véritable commerce d’hôtellerie sous le couvert fallacieux et l’appellation d’un gîte?», a lancé Dominique Bourcheix.
Invitée à répondre à la question, la mairesse Nathalie Pelletier a fait savoir que tous les moyens seront pris pour faire respecter la réglementation en vigueur. «Dans ce secteur, ce qui est permis, c’est un gîte. Effectivement, si ça devient trop commercial, c’est une autre histoire. Mais je ne pourrai pas entrer davantage dans les détails, car c’est un dossier travaillé par notre service du greffe, qui est bien au fait de la situation», a fait savoir Mme Pelletier.
Même si certains membres du conseil municipal étaient déjà familiés sur les enjeux entourant ce projet, d’autres ont semblé surpris par les informations fournies par les citoyens. C’est le cas notamment du conseiller Samuel Côté, qui a réagi lors du tour de table réservé aux élus. «En ce qui concerne le gîte, j’ai appris beaucoup d’information ce soir. Je n’étais pas au courant, car je ne suis pas dans les commissions qui en ont discuté. Je savais pour le chemin d’accès qui est gigantesque, mais pour l’ampleur de la construction, je n’étais pas du tout au courant. Et, oui, c’est assez alarmant. Il va falloir voir cela assez rapidement», a-t-il partagé au micro.
La réglementation est « totalement » respectée, maintient la Ville de Magog
La Ville de Magog tient à se faire rassurante auprès des citoyens inquiets en lien avec la construction d’un gîte touristique sur le chemin Georgeville, en confirmant que les travaux en cours sont conformes aux permis émis ainsi qu’à la réglementation en vigueur.
Comme l’explique la directrice des communications et des technologies de l’information à la Ville de Magog, Claudia Fortin, le propriétaire du Clos d’Amboise respecte à la lettre les permis délivrés par la Municipalité et le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. » Nos inspecteurs se sont rendus sur le site à plusieurs reprises, en plus d’avoir des communications régulières avec le propriétaire, qui collabore très bien soit dit en passant. Et oui, la réglementation est totalement respectée. Ensuite, quand les travaux seront terminés, notre travail sera de s’assurer que la vocation de gîte sera respectée et pour le moment, il n’y a absolument rien qui nous fait penser que ce ne sera pas le cas « , soutient Claudia Fortin.
Cette dernière rappelle qu’à Magog, un gîte peut offrir un maximum de cinq chambres en location, contrairement à un hôtel où il n’y a pas de limite. Une autre différence entre ces deux types d’hébergement, toujours selon Mme Fortin, est qu’un gîte ne peut ouvrir ses installations au grand public, comme c’est le cas pour un établissement hôtelier.
» Dans le cas du Clos d’Amboise, par exemple, le spa et le sauna seront uniquement à l’usage du propriétaire et des locataires des lieux. Donc, il n’y aura pas d’autres clients de l’extérieur qui pourront y accéder. Et contrairement à ce qui avait été prévu au départ, ces installations ne seront pas à l’extérieur de la propriété, mais bien à l’intérieur. C’est pourquoi le propriétaire a obtenu récemment un deuxième permis de construction pour effectuer un agrandissement « , conclut Claudia Fortin.