Espèces aquatiques envahissantes: peu de contraintes au lac Brompton

ENVIRONNEMENT. Pendant qu’un usager du lac ­Massawippi risque une amende salée pour naviguer sans certificat de lavage, les plaisanciers peuvent circuler sans se faire intercepter par des patrouilleurs au lac Brompton. La surveillance différe également sur les autres plans d’eau de la ­MRC de Memphrémagog.

Le président de l’Association pour la protection du lac ­Brompton (APLB), ­Jean ­Nadeau, invite les élus des trois ­Municipalités riveraines (Racine, ­Canton d’Orford et ­Saint-Denis-­de-Brompton) à discuter davantage et à trouver une forme d’harmonie comme au lac ­Mégantic. À cet endroit, les usagers de six ­Municipalités différentes savent à quoi s’attendre avec des règles, des tarifs et des amendes similaires.

M. Nadeau souhaite que des mesures communes soient trouvées cette année pour une mise en application dès l’été 2025. «  ­On a attendu sept ans pour avoir une station de lavage, mais il faudra faire plus vite pour instaurer un système unique de vignette, de tarification, de contrôle et d’amendes, ­espère-t-on. Le bon vouloir des usagers a parfois des limites.  »

Le président de l’APLB a bon espoir que la démarche du ­Conseil régional en environnement de l’Estrie (CREE), dévoilée la semaine dernière, incite les élus estriens à s’entendre pour supprimer l’incohérence actuelle des règles. «  ­Nous ne souhaitons pas privatiser les lacs ni restreindre les accès aux plans d’eau publics, ­assure-t-il. Nous visons plutôt à générer des fonds pour protéger notre lac, et ce, grâce à la formule de l’­utilisateur-payeur.  »

Selon le ­CREE, le lac ­Brompton est dans une zone rouge en raison de la présence de trois ­EAE. Il s’agit de la vivipare géorgienne, du myriophylle à épis et du potamot crépu. Dans sa récente sortie publique, le ­CREE a rappelé l’importance de laver les embarcations afin de freiner la contamination des ­EAE.

M. Nadeau espère également que les deux accès aux lacs ­Brompton et ­Montjoie, prévus dans l’agrandissement du parc national du ­Mont-Orford, soient aménagés de façon à bien contrôler ces espèces aquatiques nuisibles.

PARC ­NATIONAL ­DU ­MONT-ORFORD

Claudia ­Lascelles, responsable du service de la conservation et de l’éducation au parc national du Mont-Orford, assure que les futurs accès seront réalisés dans les règles de l’art. «  ­Il n’y aura aucune descente à bateau et ces accès seront limités aux embarcations légères, ­précise-t-elle. Une station de lavage en bonne et due forme sera installée à chacun des endroits afin de contrôler cette menace.  »

La situation actuelle diffère toutefois aux lacs ­Fraser et ­Stukely. La popularité des planches à pagaie et des kayaks, dont plusieurs sont gonflables, cause occasionnellement des soucis aux gestionnaires du parc. «  C’est un enjeu important, car il s’agit d’un phénomène nouveau et croissant, observe ­Mme ­Lascelles. À la guérite, on ne voit pas toujours ces équipements dans les voitures, même si des familles en gonflent parfois trois ou quatre une fois rendues à la plage du lac ­Stukely.  »

Mme ­Lascelles assure que le personnel à l’accueil sensibilise ce type d’usagers et les dirige vers les endroits où il est possible de laver ces embarcations. Ce ne sont pas des stations de lavage officielles, mais des boyaux d’arrosage sont disponibles. «  ­La gestion est difficile, car ça arrive de partout, ­ajoute-t-elle. On fait confiance aux gens, mais on rencontre des visiteurs qui ne connaissent pas beaucoup l’importance de freiner la propagation des espèces aquatiques envahissantes. Les marchands devraient sensibiliser davantage dès la vente de ces items.  »

La direction du parc suit attentivement les démarches de la ­MRC de ­Memphrémagog et du ­CREE qui souhaitent harmoniser la réglementation entourant les ­EAE. «  ­Tout le monde gagnera à avoir le même discours, poursuit ­Mme ­Lascelles. On appliquera la stratégie régionale si elle s’adapte bien à notre réalité.  »

Actuellement, le lac ­Stukely est dans une zone rouge avec la présence de la vivipare chinoise, la tortue à oreilles rouges et le myriophylle à épis. Au lac ­Fraser, il est en jaune selon le ­CREE avec la détection du myriophylle à épis.

Mme ­Lascelles signale que les lacs ­Fraser et ­Stukely ne sont pas dans les limites du territoire protégé. La ­SÉPAQ gère les rives et les îles, mais les eaux sont de juridiction fédérale. Aucune embarcation à moteur ne peut se mouiller pour naviguer sur ces plans d’eau à partir du territoire protégé du parc. On en aperçoit parfois, car ces plaisanciers utilisent des descentes à bateau situées dans la portion hors parc. C’est le cas pour une bonne partie du versant ouest du lac Stukely.

PORTION ­HORS-PARC ­DU ­LAC ­STUKELY

Pour sa part, la ­Municipalité d’Eastman oblige par règlement le lavage des embarcations pour ses quatre plans d’eau, en l’occurrence les lacs ­Stukely, d’Argent, d’Orford et ­Parker. Elle offre deux stations de lavage sur son territoire, soit au parc ­Missisquoi-Nord et au parc ­Normand. L’amende est de 100 $ pour une première infraction et de 250 $ pour une récidive.

Après deux années d’absence, la surveillance a repris cet été avec deux patrouilles vertes couvrant ces quatre plans d’eau et d’autres endroits à ­Bolton-Est. Les constats ne sont toutefois pas une priorité cette année, mais les amendes pourraient apparaître dès 2025.

Ces deux patrouilles ne peuvent cependant offrir une couverture à temps plein ni surveiller tous les lacs en même temps. Elles sont néanmoins présentes les ­week-ends et les jours fériés lorsque les plaisanciers sont plus nombreux. Leur objectif consiste notamment à faire de la sensibilisation au nettoyage des embarcations pour éviter la propagation des espèces exotiques envahissantes.

Des amendes entre 0 $ et 559 $.