Les agriculteurs de la région manifestent en grand nombre
AGRICULTURE. « On va se battre pour nos fermes », voici le message lancé par environ 500 agriculteurs de partout en Estrie ayant pris le chemin de Sherbrooke, lundi dernier, afin de manifester « clairement leurs demandes et besoins » auprès du gouvernement du Québec.
Pour plusieurs des agriculteurs rencontrés sur le boulevard Bourque à Sherbrooke, devant les bureaux de l’UPA Estrie, cette manifestation est rendue plus que nécessaire, alors que les revenus ne suivent plus.
« Il y a une grande négligence envers le monde agricole en ce moment au Québec. Nos revenus dépendent du succès de nos récoltes, et si elles sont mauvaises en raison des conditions météorologiques, on se retrouve avec rien. On a peur pour l’industrie. En ce moment, plusieurs agriculteurs ont deux emplois pour y arriver, ce n’est pas une vie pour personne. On ne pourra pas tenir le coup pendant des années », indique Jocelyne Bergeron et Yvan Pinard, deux agriculteurs de Saint-Georges-de-Windsor.
Le discours des différentes personnes présentes se ressemblait. Tous craignent la fin de l’agriculture locale et des produits locaux si des changements importants n’arrivent pas « rapidement ». Ces mesures serviraient, selon eux, à maintenir les fermes actuelles, mais également à rassurer la future génération qui se retrouve avec des doutes de vouloir reprendre les fermes.
« On veut du changement pour que nos qualités de vie soient meilleures. On ne veut pas être les moins payés du Québec. Il y a de moins en moins de personnes qui veulent reprendre les fermes parce que ça coûte trop cher », affirme Marie-Rose Morneau, une jeune agricultrice qui aide ses parents avec la ferme familiale à Richmond.
Après un rassemblement devant les bureaux de l’UPA, environ 100 tracteurs ont pris la largeur du boulevard Bourque afin de se déplacer quelques dizaines de mètres plus loin devant les bureaux du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). Sur place, deux élus de la CAQ, les députés de Mégantic et Richmond, François Jacques et André Bachand, ont écouté les différents discours.
Le représentant des fermes de petite taille à l’UPA Estrie et propriétaire de la ferme Erb à Magog, Claude Brb, dénonce l’inaction du gouvernement.
« Il est de plus en plus difficile de vivre de nos récoltes. On diversifie notre production, mais les programmes d’aide ne sont pas adaptés. Quand on pense à Prime-Vert qui remboursait à 70%, il est maintenant descendu à 50%. Ce n’est pas normal qu’on soit obligé de puiser dans nos fonds personnels pour pouvoir y arriver. On essaie de survivre. Pendant la pandémie, on disait qu’on sauvait le Québec avec nos produits et que tout le monde allait manger grâce à nous », lance M.Erb.
Un succès pour l’UPA Estrie
Le président de l’UPA Estrie était plus que satisfait de la réponse des agriculteurs, alors que, selon lui, le message porté par ces derniers mérite d’être entendu par les décideurs au sein des gouvernements.
« Il faut que les budgets soient augmentés. Ça n’a pas de sens qu’on ait moins de 1% du budget. Actuellement, le gouvernement les gèle, l’ensemble des programmes ne sont plus adaptés à la réalité actuelle. On ne veut pas aller dans l’exagération, on ne demande pas la lune, on ne demande pas 33% du budget comme en Europe », affirme-t-il.