Les interventions en santé mentale ne dérougissent pas dans Memphrémagog

DÉTRESSE. Malgré le fait que la crimalité a connu une légère baisse sur le territoire de la Régie de police de Memphrémagog (RPM) en 2023, certaines problématiques continuent de tendre vers le haut et c’est le cas notamment des interventions en lien avec des problèmes de santé mentale.

Alors qu’un nombre important d’interventions de ce type avait été atteint en 2022, avec 265 dossiers, voilà que ce chiffre a atteint un niveau inégalé l’an dernier. On parle de 303 dossiers en santé mentale pour lesquels les policiers de la RPM ont dû intervenir, soit une hausse de 14% en un an. Concrètement, il peut s’agir d’une personne en crise qui pose un danger pour elle ou d’autres personnes, ou encore d’un individu qui commet un crime en raison de sa condition psychologique.

Comme l’explique le directeur de la RPM, Mario Leblanc, les problématiques de santé mentale occupent une part importante du travail des policiers qui sont confrontés, au quotidien, à des situations extrêmement complexes. «En moyenne, une intervention en lien avec la santé mentale dure environ 90 minutes. Il y en a des plus courtes, mais aussi des plus longues. Ce qui est difficile, c’est que chaque cas est différent et nécessite une approche particulière. Il y a beaucoup d’impondérables contrairement à une opération radar, par exemple, ou du travail de prévention.»

Ce qui peut devenir parfois «lourd» sur les épaules des agents de la paix, de l’aveu même du directeur Leblanc, est que certains individus sont aux prises avec des problématiques majeures, qui limitent le pouvoir des policiers. Si bien qu’ils sont parfois obligés de retourner à plusieurs reprises à la même adresse, en sachant que la voie vers une issue positive est bien étroite. «Il y a des situations qui nécessitent beaucoup de doigté et du temps, simplement pour faire baisser la tension. Il faut être patient, choisir les bons mots et respecter le rythme de la personne. Nos policiers sont bien formés pour le faire, mais ce n’est quand même pas évident», partage Mario Leblanc.

«Et bien souvent, quand on pense que c’est réglé, ce n’est pas rare de recevoir le même appel, deux jours plus tard, avec la même personne, pour les mêmes raisons. Et tout le travail est à recommencer. Cette récurrence ajoute un défi supplémentaire», fait savoir le chef de police.

Une intervenante à la rescousse

Heureusement, depuis le début de l’année 2024, la Régie a obtenu une aide fort appréciée avec l’arrivée d’une travailleuse sociale. Cette dernière est basée à temps plein au poste de la RPM et accompagne les policiers dans les interventions comportant des aspects plus «sociaux», qui nécessitent des suivis hors de la sphère de la criminalité. «Cette personne était vraiment attendue par notre équipe, car elle a une expertise que nous n’avons pas. Sur le terrain, certaines personnes ont plus confiance et s’ouvrent plus facilement à une intervenante qu’à un policier. Et c’est parfait ainsi, car le but de tous est que la personne aille mieux et qu’elle soit prise en charge par le système, de la bonne façon. Cette travailleuse est ainsi mieux outillée pour faire les suivis nécessaires et le lien avec les ressources et les services d’aide qui existent.»

Mario Leblanc précise que même si cette nouvelle équipe «mixte» travaille main dans la main, il y a tout de même une limite claire entre les deux parties, notamment en ce qui a trait à l’échange d’informations. «Il y une communication constante entre l’intervenante et nos policiers, mais certaines informations, comme tout ce qui touche le dossier médical d’une personne, sont protégées par le secret professionnel et nos policiers n’y ont pas accès. Le respect de nos compétences respectives est primordial pour maintenir le lien de confiance.»

Puisque ce projet-pilote avec le CIUSSS de l’Estrie – CHUS n’est effectif que depuis quatre mois, la RPM soutient qu’il est trop tôt pour dresser un premier bilan des résultats, notamment à savoir si le nombre d’interventions en matière de santé mentale a diminué depuis janvier.