Les «polluants éternels» demeurent une source de préoccupation au lac Memphrémagog
ENVIRONNEMENT. Élus et environnementalistes estriens ont profité d’une consultation publique au Vermont, à la fin décembre, pour réitérer auprès de cet État américain l’importance de maintenir le moratoire sur le traitement du lixiviat au site d’enfouissement de Coventry.
La Table de concertation des élus du lac Memphrémagog et le groupe Memphrémagog Conservation Inc. (MCI) ont chacun déposé un mémoire à l’Agence des ressources naturelles du Vermont, notamment.
Les élus des différents paliers de gouvernement insistent sur l’importance de ne pas traiter ce lixiviat à deux pas du lac Memphrémagog, une source d’eau potable pour 175 000 Estriens. Pour eux, cette interdiction est capitale, car ce lixiviat provenant du dépotoir contient, en partie, des substances poly et perfluoroalkylides (SPFA), connues sous le nom de PFAS en anglais.
Ces produits chimiques sont aussi appelés «polluants éternels» pour le grand public, car ils ont tendance à s’accumuler avec le temps plutôt que de se dissiper. De plus, ces substances seraient potentiellement toxiques et se retrouvent dans de multiples produits de tous les jours.
Le député d’Orford, Gilles Bélanger, demande au Vermont d’inclure une clause à un possible permis accordé au site d’enfouissement. «Il faudrait hausser les critères des autorisations au besoin, au rythme des avancées et découvertes scientifiques, explique-t-il. Ce serait primordial de modifier ces clauses, si de nouvelles normes s’avèrent nécessaires, plutôt que d’être pris avec un contrat fixe à long terme.»
La présidente du MCI, Johanne Lavoie, insiste également sur le maintien du moratoire, voire un interdit permenant du traitement du lixiviat sur le vaste terrain du dépotoir appartenant à Casella. «Même les scientifiques s’entendent pour dire qu’il ne faut pas rejeter les PFAS dans le lac, surtout qu’il semble très difficile de capter tous les milliers de composantes des polluants éternels, s’inquiète-t-elle. Nous sommes d’accord pour les traiter, mais pas diriger les résidus dans le lac une fois le traitement complété.»
Mme Lavoie favorise le principe de précaution, car des PFAS ont déjà été découverts, en faible quantité, dans le lac Memphrémagog ainsi que dans les réseaux d’aqueduc de Magog et de Sherbrooke. Toujours selon la présidente du MCI, une permission accordée à Casella ouvrira la porte à d’autres agrandissements du site d’enfouissement.
«On doit vraiment s’opposer, insiste Mme Lavoie. L’Estrie n’a pas à subir la pollution d’un dépotoir qui accepte des déchets provenant à 95% de l’extérieur du bassin versant du lac Memphrémagog.»