« -On ne peut pas jouer au yoyo avec les barrages »
ENVIRONNEMENT. Tout comme l’an dernier, la gestion des barrages s’est retrouvée au coeur de l’actualité magogoise ces dernières semaines à la suite d’importants épisodes de pluie. Si certains citoyens sont parfois rapides dans leurs critiques, la Municipalité rappelle quant à elle que la gestion d’un barrage, dont le Barrage Memphrémagog, est beaucoup plus complexe de ce qu’elle paraît à première vue.
À titre de directeur adjoint à la division Hydro-Magog à la Ville de Magog, Gaétan Daigneault est bien placé pour en parler. Il explique d’abord que la configuration naturelle de la rivière Magog, notamment par sa faible profondeur, et par le fait qu’elle est parsemée d’obstacles, dont des vestiges de l’époque industrielle, limitent le pouvoir d’action des autorités. « La réalité est qu’on ne peut pas ouvrir les vannes autant que l’on voudrait. Notre marge de manoeuvre dépend directement du niveau du lac. Parfois, les gens voudraient que l’on ouvre au maximum, mais dans les faits, on risquerait d’assécher le bras de rivière avant même de réduire la hauteur du lac », soutient M. Daigneault.
Il y aussi tout le volet technique qui implique une hausse ou une baisse de débit au Barrage Memphrémagog. Si en apparence, l’opération peut sembler simple, chaque petit changement implique une supervision continue et une multitude d’ajustements. « On ne peut pas jouer au yoyo avec les barrages, car chaque changement de débit nécessite environ quatre heures de travail. L’ouverture des portes en bois, qui se fait manuellement et une à la fois, prend environ 30 minutes. Ce qui est plus long, c’est la prochaine étape qui consiste à la stabilisation. La rivière est dynamique et elle ne réagit pas de façon instantanée. Il faut donc du temps pour voir si elle se comporte comme prévu à nos changements et s’assurer que tout est sous contrôle, ce qui implique des allers-retours à nos deux barrages. »
Un présage de l’avenir ?
Chose certaine, si les deux derniers étés ont donné lieu à des situations plutôt inhabituelles, avec la fermeture temporaire de la rivière Magog et de la rampe de mise à l’eau de la rue de Hatley, Gaétan Daigneault s’attend à ce que ces scènes se multiplient dans les années à venir. « C’est l’impact direct des changements climatiques. On risque d’assister davantage à des épisodes extrêmes comme ce fut le cas, tout récemment, avec l’ouragan Beryl de catégorie 4 qui a remonté jusqu’ici avec des pluies diluviennes. Heureusement, dans la région, ça n’a pas frappé aussi fort que les prévisions l’indiquaient, car à un moment, on craignait même que ce soit pire que l’an passé », partage le gestionnaire.
Quoi qu’il en soit, le directeur adjoint comprend que certaines décisions peuvent être difficiles à comprendre. Par exemple, il est arrivé que la Municipalité annonce certaines restrictions en lien avec la navigation en pleine journée ensoleillée, sans pluie apparente. « Dans les dernières semaines, on avait ouvert les vannes à 100 mètres cubes par seconde, alors que normalement, à cette période-ci de l’année, on est davantage à 10 m3. Le problème, c’est qu’au même moment au Vermont, il en rentrait 200 m3 dans le lac. Donc, malgré que nous étions au maximum, le lac continuait à augmenter et évidemment, les gens étaient inquiets. »
« Quand le lac monte, les premiers à nous alerter sont les gens demeurant dans le secteur du Club Azur et du Club Memphré, poursuit M. Daigneault. Avant même que le niveau du lac s’approche à un seuil de surveillance, ces résidents voient déjà de l’eau s’accumuler sur les parties marécageuses et dans les fossés qui les entourent.C’est insécurisant, je les comprends, mais c’est la réalité d’être situés sur des terres inondables. »
Pour en savoir davantage sur la gestion des barrages, il est possible de visionner une présentation à ce sujet offerte par M. Daigneault lors de la séance du conseil municipal du 2 juillet dernier. L’épisode est disponible sur la chaîne YouTube de la Ville de Magog, à partir de la 31e minute.