Tant qu’à offrir des fleurs, pourquoi pas des locales

AGRICULTURE. Mille et une occasions se présentent tout au long de l’année pour offrir des fleurs. Pourtant, la provenance de -celles-ci est souvent méconnue des consommateurs. Cassandre Veillette, propriétaire de La Boîte à Légume, partage les défis que représente la culture de fleurs indigènes.

Lorsqu’on achète un bouquet, une bonne partie des fleurs coupées qui sont consommées au Québec, ont voyagé des milliers de kilomètres pour être livrées aux fleuristes et autres marchands. Il y a quelques années, des maraîchers de la province ont lancé un mouvement pour favoriser la production et la vente de fleurs indigènes. L’association des productrices.eurs de fleurs coupées du Québec (APFCQ) est ainsi née.

Malgré la quantité énorme de travail qu’il abat chaque jour avec sa conjointe et leur équipe sur sa petite ferme La Boite à légumes, située à Deauville tout près de Magog, Cassandre Veillette y a vu une opportunité d’ajouter une production intéressante à son offre.

« C’est beau et c’est une façon de mettre du bonheur dans le quotidien des gens. Ça représente un autre défi d’agriculture et ça nous fait découvrir de nouvelles choses. La mise en marché est plus difficile que pour des légumes. Je pense que les gens sont moins conscientisés à acheter des fleurs produites localement », explique celui-ci.

Une opportunité d’apprentissage

Ce nouveau défi d’agriculture voulait nécessairement dire d’avoir à suivre plusieurs formations pour se lancer dans l’aventure avec un minimum de connaissances. De nombreux aspects de l’horticulture sont très différents de ce que l’équipe de la ferme a l’habitude de faire.

Emma Paquette, étudiante au Cégep de Sherbrooke en gestion et technologies d’entreprise agricole en est à son deuxième été à La Boite à légumes. Malgré son amour pour les fleurs, elle admet qu’elle avait tout à apprendre de cette culture.

« Au début on voulait gâter nos clients abonnés aux paniers de légumes. Donc cet hiver, on a décidé de se lancer pour s’y connaitre un peu plus. Il faut dire que le choix des fleurs est important puisqu’elles doivent être adaptées à notre climat et avec la courte saison qu’on a », raconte Mme Paquette.

L’entraide et la solidarité entre fermiers locaux et connaisseurs en la matière ont aussi été d’une grande utilité pour bien intégrer les différentes notions et précieux conseils.

Une fois que la sélection de fleurs a été décidée, il fallait mettre tous les éléments en place pour en faire une activité viable dans le temps. « Les gens ne réalisent pas à quel point c’est complexe. Entretenir, avoir une bonne production, récolter, conserver et faire des beaux bouquets, ça prend quand même beaucoup de temps et c’est tout un apprentissage », relate Cassandre Veillette, qui fait aussi partie des organisateurs du Marché public de Magog.

Faire connaître un  »nouveau produit »

Même si le produit demeure méconnu pour l’instant, le maraîcher dit constater une ouverture et une curiosité pour ses fleurs. « Les gens ne connaissent pas le produit, il est un peu plus cher que la moyenne et est différent. Mais il n’est pas importé en gros volume et je pense que la qualité est meilleure. On fait pousser des variétés qui ne sont pas nécessairement offertes chez les fleuristes. Donc on doit les faire connaître », croit M. Veillette.

La réception des clients actuels est somme toute positive et avec l’expérience, l’assemblage des bouquets s’améliore à chaque distribution. « Le beau commentaire qu’on a reçu de la clientèle, c’est que les bouquets restent beaux et durent dans le temps. Ça c’est vraiment positif pour la suite », renchérit Emma Paquette.

Une expérience qui en vaut la peine

Les variétés offertes sont colorées et observables dans les milieux naturels tels des cosmos, des échinacées, des célosies, du lupin ou de l’amarante. « Il y a un an, je ne connaissais absolument rien aux fleurs. C’est tout un nouveau vocabulaire à apprendre et un rythme de croissance différent à apprivoiser », souligne M. Veillette. Dans un soucis de continuité, certaines de ces fleurs vont être utilisées pour faire des bouquets séchés à l’automne.

L’expérience plait beaucoup sur la ferme et aux abonnés du panier de légumes qui les reçoivent. Cassandre Veillette indique que le projet devrait être de retour avec la belle saison l’an prochain.

« On expérimente et on a beaucoup de plaisir à en apprendre sur les fleurs. On fait ça pour le fun ; si ça marche tant mieux, puis si c’est pas le cas, on arrête. Mais ça regarde bien », conclut-il en pointant une cliente quittant le kiosque libre-service avec un beau bouquet de fleurs dans les mains.