Un avenir inconnu pour un pont couvert patrimonial de 128 ans

CANTON DE POTTON. Le ministère de la Culture et des Communications du Québec vient d’officialiser le classement du pont couvert de la Frontière, au Canton de Potton, à titre d’immeuble patrimonial. Son avenir demeure néanmoins inconnu en raison de sa fragilité et de qui prendra la responsabilité de sa restauration.

L’Association du patrimoine de Potton applaudit cette nouvelle confirmée le 28 octobre dernier par le ministre Mathieu Lacombe. «Nous sommes très fiers et ça confirme l’importance de protéger ce pont construit en 1896, affirme la présidente de cet organisme, Lorraine Douillard. Il faut maintenant trouver une solution pour conserver ce trésor patrimonial. Ce dossier est toutefois complexe, car la protection du gouvernement vise la structure, mais pas les terrains.»

Le dossier risque de tomber entre deux chaises. Le Canton de Potton n’entend pas prendre le relais pour revamper ce bien patrimonial du chemin Bellevue récemment classé par Québec. Le maire Bruno Côté assure que la Municipalité n’injectera aucune somme d’argent dans ce dossier. Il rappelle que c’est le ministère des Transports (MTQ) qui a déplacé cette infrastructure au milieu des années 1960, car elle n’était plus suffisamment solide pour supporter le poids croissant des véhicules. 

De plus, le «désuet» pont couvert est sans propriétaire. Il a été déposé par le MTQ sur des terrains appartenant à deux personnes différentes. «Québec doit prendre ses responsabilités. Il en assurait l’entretien avant le déplacement, signale M. Côté. La facture d’une restauration est un trou sans fond, surtout qu’il est sur le point de tomber. Les propriétaires privés concernés et le Canton ne prendront pas le relais.»

Le premier magistrat préfère investir dans la valorisation de la grange ronde de Potton. Il prévient déjà le ministère qu’un éventuel litige au sujet du pont couvert se réglera devant les tribunaux. «Nous sommes déçus du ministère de la Culture. Il ne savait pas que le pont était situé hors des axes routiers. On ne nous écoute pas et personne n’est venu faire ses propres constatations sur le terrain», déplore-t-il.

Le point de vue du ministère de la Culture ici.

FAITS SAILLANTS DU PONT DE LA FRONTIÈRE

  • Construit en 1896, il est désaffecté depuis 1960 après plus de 75 ans de loyaux services. Il a aussi porté le nom de pont du ruisseau Creek et de Province Hill. 
  • Le conseil actuel a retiré la citation patrimoniale de ce pont couvert en 2024, une protection municipale accordée par un précédent conseil en 2008.
  • Étant devenu plus fragile, l’accès au public y est interdit depuis 2014.
  • Selon le site des Ponts couverts du Québec, les coûts de réfection ont déjà été estimés à 300 000 $, il y a quelques années.
  • Un comité a déjà recommandé de déménager le pont au village près du parc André-Gagnon.
  • Selon Québec, le pont couvert de la Frontière présente un grand intérêt patrimonial pour sa valeur historique (lien routier avec les États-Unis) et technologique (fermes de type Town simple breveté en 1820).
  • Il est l’un des plus anciens au Québec, mais le pont Narrows du Canton de Stanstead, classé bien patrimonial en 2019, a été construit en 1881.