Fais ce que tu aimes pour être heureux n’oubliant jamais que l’argent t’amène une liberté
Albert Schweitzer disait : « Le succès n’est pas la clé du bonheur, le bonheur est la clé du succès. Si vous aimez ce que vous faites, vous réussirez».
Relisez plusieurs fois cette réflexion d’Albert Schweitzer et réfléchissons ensemble. Mon plus grand souhait, c’est que les jeunes puissent prendre connaissance, puissent lire cette réflexion d’Albert Schweitzer avant qu’il soit trop tard.
Ma génération est issue de parents qui ont souffert du manque d’argent, du travail non bien rémunéré, de l’absence d’un travail valorisant; nos parents en arrachaient. Combien de fois, les ai-je entendus nous dire : « si tu ne veux pas travailler comme nous, si tu veux faire de l’argent, va à l’Université, instruis-toi.» Jamais, j’ai entendu les parents de cette époque dire : « fais ce que tu aimes et tu seras heureux».
Je ne juge pas nos parents, je les comprends. Nos parents ne savaient pas. L’argent pour nos parents était synonyme de bonheur. Nos parents croyaient que tous les riches étaient heureux, ce qui n’est absolument pas le cas.
La génération suivante se fit instruire croyant que le diplôme était la solution, la garantie d’une vie sans problème. Cette génération a cru que l’instruction était la pilule miracle et que l’argent entrerait automatiquement dans le compte de banque. Quel fiasco, pour la première fois on se retrouvait avec des gens instruits sans travail ou travaillant dans un domaine qui n’avait aucun rapport avec le diplôme.
Cependant cette génération a été celle du Québec inc, celle où les Québécois sont devenus les meilleurs entrepreneurs au monde, toutes têtes de pipe confondues. Les Bombardier, Les Desmarais, les Alain Bouchard, les Paul Gobeil, Les André l’Espérance, Les Guy Savard, Les Rémi Marcoux, Les Pierre Péladeau, les Jean Coutu, les Réal D’Anjou, les Raymond Morissette et combien d’autres.
C’est avec eux, pour la première fois, qu’on voit des Québécois de langue française faire ce qu’ils aimaient et réussir dans la vie. Normalement, un entrepreneur fait ce qu’il aime puisqu’il choisit lui-même ce qu’il fait; il en est le maître d’œuvre. Remarquerez que j’ai écrit, réussir dans la vie et non réussir leur vie; ceci est une autre question dont je vous parlerai dans une autre chronique.
Puis aujourd’hui, je suis arrivé à un âge certain, je regarde les gens vivre. Il n’y a pas grand-chose de changer côté humain comparativement à l’époque de nos parents, des années 1950-1960. Les gens ne sont pas plus heureux. L’argent est certainement un outil très, très important dans notre vie. Mais ceci étant dit, il faut commencer à parler du bonheur, de ce qui nous rend heureux, des vraies valeurs.
Je vous pose une question : quand parlez-vous avec vos enfants ou vos amis du bonheur, de ce qui nous rend heureux. Nos vieux parents avaient une réponse au bonheur à savoir que la souffrance menait au Paradis à la fin de nos jours. La religion nous enseignait que Dieu préférait les pauvres aux riches; les pauvres étaient heureux de cela, mais entre nous, les riches s’en «contre-crissaient». La religion à cette époque remplissait un vide. Aujourd’hui, on essaie de remplir ce vide avec n’importe quoi, n’importe qui.
Pendant 31 ans, j’ai aimé pratiquer le Droit comme avocat; j’ai aimé aider les gens à s’en sortir, mais j’ai détesté plaider devant les tribunaux, ce que je fis au début de ma pratique de droit, mais pas longtemps.
Lorsque j’ai compris que la Justice n’existait pas, que la Justice était l’application de règles de droits écrites par des hommes et appliquées par des hommes, j’ai complètement décroché. Un jour, un avocat comme moi était nommé Juge par le Gouvernement, souvent parce qu’il était du bon parti politique et du jour au lendemain, en 24 heures, il devenait un autre homme avec la vérité, la Justice dans ses poches?
J’ai compris très tôt que ça n’avait aucun sens. Le gars sur le Banc qui jugeait était le même gars que j’avais connu, avec ses qualités et ses défauts. La Justice est humaine et non Divine. J’ai alors basé ma pratique sur l’adage qui dit : «Le pire des arrangements, des règlements vaut le meilleur des procès».
Puis un jour, je voyais arriver un client à mon bureau et j’espérais qu’il n’avait pas de problème. C’était le signe de quitter cette pratique du droit et de faire autre chose; je n’aimais plus ce que je faisais. C’est alors que j ai décidé de devenir courtier immobilier agréé.
Aujourd’hui, j’ai encore un rêve soit d’écrire des biographies et pouvoir y gagner ma vie. Si jamais j’avais à refaire une carrière, je referais mon droit, je deviendrais avocat, mais un avocat-journaliste, dans l’écrit. Les gens s’imaginent que tous les avocats plaident quasiment tous les jours ce qui n’est pas le cas. Il y a environ 20 000 avocats au Québec et seulement 10% environ plaident devant les tribunaux.
Faisons ce que nous aimons en n’oubliant pas que l’argent nous amène une liberté et non le bonheur. Comme dirait André l’Espérance, « dans la vie ce qui est important, c’est l’équilibre ». Le bonheur est en dedans de nous, pas ailleurs.
Me Laurent Pelletier, avocat à la retraite
laurent@laupel.com