Poilievre livre un discours à saveur électorale en déposant sa motion de censure

OTTAWA — Le chef conservateur Pierre Poilievre a prononcé mardi un discours à saveur électorale en Chambre, demandant aux autres députés d’appuyer une motion ayant pour but de déclencher des élections anticipées, mais tout indique que l’initiative échouera.

La motion sera battue, à moins d’un revirement de situation, puisque les bloquistes et les néo-démocrates prévoient voter contre. Or les conservateurs auront bientôt l’occasion de présenter une autre motion du même genre, jeudi.

M. Poilievre a vanté ses plans visant à augmenter les revenus des ménages et à réduire les taux d’intérêt et la dette, à réduire l’impôt pour le développement et à restaurer ce qu’il appelle «la promesse du Canada».

La motion de censure présentée par M. Poilievre constitue le premier test pour le gouvernement minoritaire libéral depuis que les néo-démocrates ont «déchiré» l’entente de soutien et de confiance plus tôt ce mois-ci.

Le texte, qui fera l’objet d’un vote en Chambre mercredi, tient en une seule ligne: «Que la Chambre n’a pas confiance dans le premier ministre et le gouvernement».

Les conservateurs ont forcé mardi la tenue d’un débat sur cette motion à l’occasion de leur première journée d’opposition de la session parlementaire. Une autre journée de ce genre leur est octroyée jeudi.

«Le Bloc veut garder au pouvoir le premier ministre le plus centralisateur et coûteux dans notre histoire, un premier ministre avec une politique d’immigration (…) hors de contrôle qui a poussé le Québec au point de rupture. Et le Bloc dit (…) ‘’on ne va pas changer maintenant. On va attendre »», a dit mardi M. Poilievre.

Le chef conservateur a nié qu’il n’a pas révélé ce qu’il entend faire au pouvoir s’il devient premier ministre, contredisant ainsi le Bloc québécois. Il a fait valoir qu’en matière d’immigration, il adopterait la même approche que l’ancien gouvernement de Stephen Harper dont il a fait partie. Les seuils d’immigration seraient ajustés à un niveau approprié en fonction des besoins en main-d’œuvre et des disponibilités de logements, a-t-il ajouté.

La leader en Chambre des libéraux, Karina Gould, a rétorqué en dressant un portrait sombre du Canada durant la décennie au pouvoir des conservateurs de Stephen Harper.

«Ce dont je me rappelle de quand les conservateurs étaient au gouvernement est un pays qui avait honte de ce que nous faisions sur la scène internationale, un pays honteux de ne pas lutter contre les changements climatiques, un pays honteux que nous mettions de l’avant des politiques clivantes», a-t-elle dit. Elle a accusé M. Poilievre de vouloir reproduire ce modèle.

Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, en a rajouté une couche durant la période des questions. «Je pense que ce qu’on va voir demain dans cette Chambre (…), c’est que cette Chambre n’a pas confiance au chef de l’opposition parce qu’il n’a rien à offrir à la population du Québec, que ce soit sur l’environnement, que ce soit sur l’économie, que ce soit sur les emplois. Rien, zéro, niet», a-t-il lancé.

Le député libéral Wayne Long, qui dit publiquement qu’il souhaite que M. Trudeau cède sa place comme chef du Parti libéral du Canada, a précisé qu’il ne veut pas pour autant que le gouvernement tombe. «Ce sont deux choses différentes», a dit l’élu du Nouveau-Brunswick.

Quant au bloquiste Simon-Pierre Savard-Tremblay, il s’est montré perplexe face à l’empressement des conservateurs à appeler les Canadiens aux urnes.

«Qu’est-ce qui presse tant que ça d’aller en élection? Est-ce que ce n’est pas justement l’occasion de négocier, d’obtenir des gains? (…) Ça serait même l’occasion pour les conservateurs aussi de tirer (profit) avec un travail parlementaire sérieux qui mette de côté la politique de la terre brûlée. (…) Nous, c’est le pari qu’on a fait», a-t-il plaidé.

M. Poilievre a répliqué que le Bloc québécois n’a rien obtenu en échange de son vote contre sa motion de censure envers le gouvernement.

Si une motion de censure était adoptée, le gouvernement minoritaire de Justin Trudeau perdrait la confiance, ce qui entraînerait la dissolution de la Chambre et le déclenchement d’une élection.

Le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, a tenté de faire dire à M. Poilievre s’il a l’intention de couper les prestations fédérales pour des soins dentaires. Ce dernier a aussitôt contourné la question.