Relance de GNL-Québec: le gouvernement Legault dit non à Charest et Poilièvre
QUÉBEC — Aux candidats à la direction du Parti conservateur (PCC) qui veulent relancer le projet gazier controversé Énergie Saguenay de GNL-Québec, le gouvernement Legault répond non.
Autant Jean Charest que Pierre Poilièvre veulent autoriser ce chantier de terminal de gaz naturel liquéfié à Saguenay et son pipeline, même s’il a été refusé autant par le Québec que par le fédéral.
Ils soutiennent que le contexte a changé depuis : l’Europe veut cesser de dépendre des importations de gaz naturel russe et serait désormais intéressée par l’approvisionnement canadien, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine.
En conférence de presse jeudi, le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, a tenu à mettre fin à toute ambiguïté et a fermé la porte une bonne fois pour toutes au projet.
«On a pris la décision (de dire non) l’an dernier et on n’a aucune intention de la reconsidérer», a-t-il déclaré en anglais en marge d’une annonce sur un plan de réduction des gaz à effet de serre.
«Ce n’est plus un projet (envisagé) au Québec et nous sommes plutôt fermes là-dessus.»
Même un sondage commandé par l’Institut économique de Montréal qui laissait entendre que l’opinion publique serait plus favorable au projet maintenant a été balayé du revers de la main par le ministre.
Il le juge «biaisé», puisqu’il évoque le contexte très immédiat de la guerre en Ukraine ; or même si le projet était de nouveau sur les rails, il faudrait une bonne dizaine d’années pour que le terminal voie le jour.
Une motion avait déjà été adoptée par l’Assemblée nationale récemment pour dire de nouveau non au projet, mais une telle prise de position ne lie pas l’exécutif, c’est-à-dire le gouvernement.
Le projet Énergie Saguenay consistait en une usine de liquéfaction de gaz naturel à Saguenay assortie d’un long gazoduc pour l’approvisionner.
L’objectif était d’exporter par voie maritime, chaque année, 11 millions de tonnes de gaz naturel provenant de l’Ouest canadien vers l’Europe et l’Asie, pour une période allant de 25 à 50 ans. Un gazoduc de 780 kilomètres de long devait être construit par l’entreprise Gazoduq, afin d’acheminer le gaz de l’Ontario au Saguenay.
En 2021, le gouvernement Legault, plutôt favorable au début, avait refusé d’accorder ses autorisations à la suite d’un rapport dévastateur du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
La somme des risques du projet dépassait largement ses avantages, concluait le BAPE.
Le promoteur soutient que le bilan carbone sera positif parce que son énergie servira de substitut à des énergies plus polluantes à l’étranger. Cependant, le BAPE affirme plutôt que les émissions de GES associées à l’approvisionnement en gaz naturel en amont ne permettent pas de confirmer ce bilan positif.
Le BAPE estimait que le débat est fortement polarisé et que ses audiences n’ont pas permis de se prononcer sur l’acceptabilité sociale du projet.
Dans un autre rapport publié en février, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada a fait savoir que le projet était susceptible de nuire à l’environnement.
L’Agence conclut que l’usine augmenterait les émissions de gaz à effet de serre (GES), que la hausse du trafic maritime sur le Saguenay nuirait à la population de bélugas, tandis qu’il y aurait également des effets négatifs sur le patrimoine culturel des Premières Nations innues.
Le gouvernement Trudeau a donc aussi décidé que ces impacts négatifs sur l’environnement étaient non justifiables dans les circonstances et a refusé d’accorder son autorisation.