Chronique: 90 ponts couverts en 10 ans!
J’ai toujours adoré les ponts couverts; je trouve qu’ils ont l’air de dinosaures dans notre temps moderne!
En 2012, par hasard, je tombe sur un ouvrage intitulé »Les ponts couverts au Québec », édité en 2005, élaboré à l’initiative du Ministère des Transports du Québec. Un merveilleux ouvrage qui comprend des cartes détaillées par région, de l’information spécifique sur chaque pont répertorié ainsi que 150 ans d’histoire sur plus de 1000 ponts déjà répertoriés au Québec, avec beaucoup de photos d’archives.
On y apprend entre autres qu’entre 1890 et 1940, les ponts de colonisations étaient construits selon un modèle « Town élaboré » qui a été conçu spécialement pour la réalité du Québec à ce moment-là, c’est-à-dire de le construire avec des moyens modestes, un tablier rigide et une construction plus rapide puisque la plupart des ponts couverts étaient construits dans des territoires éloignés de très faible densité. On dit que la durée de vie d’un pont couvert est de 100 ans s’il est bien entretenu.
Le premier était à Compton
Et c’est parti! Le premier été, on campe à Compton et on visite trois ponts couverts. Petit à petit, je visite tous les ponts proches de la maison. Et comme les ponts suivants sont de plus en plus éloignés, on se planifie (mon mari et moi) quelques week-ends, toujours en fonction de la location des ponts couverts qu’on veut voir. Et puis, il y a les régions éloignées comme l’Abitibi et Eeyou Istchee Baie James; ça nous prendra deux voyages de plusieurs jours pour tous les voir! Et puis, la dernière région à visiter était la Gaspésie, ce qu’on a fait en juillet 2022, en camping avec des amis, et ce qui met fin à mon petit grand projet de ponts couverts. Ça fait beaucoup de kilomètres, mais quelle belle façon de visiter le Québec!
On partait toujours avec le livre, qui nous donne la municipalité, la route et le cours d’eau traversée par le pont couvert. On en a fait des kilomètres en trop au début, car parfois les routes sont longues et c’est difficile de trouver le cours d’eau, surtout quand c’est un ruisseau non répertorié! Mais on a amélioré nos techniques et mon mari allait toujours sur Google Earth pour localiser le pont avant le départ, ce qui nous a grandement facilité la tâche, même si on avait encore des surprises parfois comme des chemins barrés, des détours, des chemins en très mauvais états, etc.
Tout est consigné dans un album souvenir
À tous les ponts couverts visités, je consigne le nom du pont, la région, la date et le numéro de correspondance dans le livre et j’y ajoute deux photos de chaque pont, dans un album souvenir.
La plupart des ponts couverts sont situés sur de petits rangs en campagne. On s’est perdu plusieurs fois en cherchant des ponts, on s’est aventuré dans des petits chemins au milieu de nulle part qui se transformaient en sentier, et on a dû laisser l’auto derrière et marcher (pour se rendre compte qu’il y aurait eu un accès beaucoup plus facile venant de l’autre côté!), on a dû enjamber des clôtures électriques dans des champs à vaches, on a trouvé trois ponts qui avaient été déplacés et qui étaient maintenant sur la terre ferme, ou un pont en métal tout neuf et pas de traces de ponts couverts… On a aussi eu la chance de voir un pont couvert en rénovation; il était très long et on voyait toute la structure interne. On trouvait qu’il avait l’air d’un squelette de baleine échoué d’une rive à l’autre!
L’état des ponts qu’on visitait variait beaucoup; il y en avait de splendides avec un bel aménagement tout autour, incluant des panneaux explicatifs ou des œuvres d’art puis, à l’autre extrême, il y en avait avec le toit défoncé ou les structures tellement en mauvais état qu’on n’avait pas le goût de s’y aventurer même à pied! Il y a beaucoup de ponts couverts au Québec qui auraient besoin d’un peu d’amour!
Voici la liste de quelques-uns de mes préférés
Ponts de Ferme Rouge, à Mont-Laurier, qui sont des ponts jumeaux (il y a une île entre les deux)
Pont de Powerscout (Percy) à Hinchinbrooke pour sa forme de toit arrondie
Pont de l’Arche de Noé, à Rochebaucourt en Abitibi, pour son histoire puisqu’il a dû être relocalisé à plusieurs reprises suite aux crues de printemps. On dit que des tracteurs réussissaient toujours à le ramener à sa place!
Pont du Faubourg à L’Anse St Jean, qui a été rebaptisé le pont »Couvart » puisqu’il est rempli d’œuvres d’art de gens de la région!
Pont Wakefield, qui est le seul au Québec avec des portes, et sur lequel il y a des célébrations de mariages!
Pont Galipeault de Grande Vallée en Gaspésie, qui est un pont chantant et dansant, car il y a un système de son et lumière. On chante dans de grands micros/haut-parleurs octogonaux et le pont répète ce qu’on a chanté en y mettant des effets lumineux!
J’ai aussi visité le pont Hartland au Nouveau-Brunswick, qui est le plus long pont couvert au monde avec ses 1282 pieds de long! Et il y un passage piétonnier à même le pont, ce qui facilite la visite parce qu’il y a beaucoup de circulation!
Celui de Potton est mon coup de coeur
Mais le Pont de la Frontière, situé dans notre municipalité à Potton, a une place particulière dans mon cœur. Quand j’étais plus jeune, je me souviens d’avoir fait des randonnées en vélo organisées par l’école ou le Club Optimiste et on s’arrêtait au pont couvert pour la collation. Je trouvais ça vraiment cool! En plus, ma mère a grandi sur une ferme sur le chemin Province Hill, et elle et sa famille passaient devant le pont régulièrement pour se rendre au village. Et il a besoin d’amour lui aussi, comme beaucoup d’autres dans la province.
Bref, j’ai bien apprécié mon aventure qui nous a amenés à visiter pratiquement toutes les régions du Québec. Il y avait toujours de l’excitation quand je regardais en avant, en essayant d’être la première à apercevoir le toit du pont qu’on cherchait!